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Twitch le nouvel eldorado de la vulgarisation

Par Lenaic Leroy
vulgarisation sur twitch
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Depuis un certain temps déjà, j’ai envie de vous parler des streams de vulgarisation sur Twitch. Pour les habitués de la plateforme, cela ne vous a pas échappé : Twitch n’est plus entièrement dédiée au jeu vidéo. Aujourd’hui, la catégorie « discussion » recouvre de nombreux contenus, dont des émissions de vulgarisation.

Pourtant, ce n’est pas sur Twitch que la vulgarisation a trouvé ses racines sur le web. Depuis maintenant dix ans, la « vulga » est très largement consommée sur YouTube. Une tendance en chassant une autre, elle doit lutter pour garder de la visibilité.

Comme beaucoup, je suis tombé dans la marmite il y a déjà plusieurs années. Aujourd’hui, la vulgarisation fait partie intégrante du contenu que je consomme, et elle s’est imposée comme une composante essentielle du travail  de rédaction que je réalise au quotidien. Malgré tout, c’est avant tout le streaming qui me passionne. Et cela tombe bien car c’est un support privilégié pour diffuser les savoirs.

Avant de passer à la suite, je pense qu’il est nécessaire de nous accorder sur le terme « vulgarisation ».

Le Trésor de la Langue Française définit la vulgarisation comme le « fait de diffuser dans le grand public des connaissances, des idées, des produits ».

Pour expliciter le sens de ma démarche, je vous invite à lire l’article de Tania Louis intitulé C’est quoi la «vulga» ? qui sert de base à la suite de mon propos. Il en ressort que la transmission des connaissances n’est pas un exercice aussi simple qu’il n’y paraît. Différents modèles existent et des nuances doivent être apportées entre ce qui distingue la vulgarisation de la médiation. L’apprentissage que nous avons tous et toutes connu à l’école est descendant : l’enseignant transmet l’information à l’élève. La vulgarisation sur YouTube semble largement s’inspirer des mêmes procédés. Pour autant, la vulgarisation n’est pas vouée à suivre ce seul modèle.

J’attire votre attention sur un extrait de l’article en particulier, durant lequel Tania doit prendre le rôle de vulgarisatrice sur un sujet qui dépasse son champs des connaissances :

On ne me demandait pas de donner des éléments de réponse, on me demandait d’installer un cadre et de servir d’intermédiaire entre les participants. La source du contenu ce n’était pas moi, c’était le public. Tania Louis

Retenez bien cet extrait, car il contient les clés de compréhension pour envisager le potentiel de la vulgarisation porté par le streaming. Prenons ensemble le temps de comprendre comment la vulgarisation se développe sur le web. Loin d’être un monolithe, elle est réinventée quotidiennement par de nombreux créateurs, les streamers étant les petits nouveaux du monde de la «vulga».

Twitch, Youtube, deux approches de la vulgarisation

Le profil des vulgarisateurs change totalement selon les plateformes. La vulgarisation a fait son terreau sur YouTube depuis près de dix ans. Aujourd’hui, l’explosion de Twitch et la place toujours plus grande occupée par TikTok ne laissent pas indifférent le milieu de la vulgarisation. À chaque plateforme ses spécificités, il ne s’agit pas simplement de décliner le même format à l’infini. Aujourd’hui, certains vulgarisateurs développent un contenu transplateforme. Je pense notamment à Manon Bril de la chaîne C’est une autre Histoire. Son travail, à l’origine sur YouTube, est désormais décliné sur Instagram et TikTok. La plupart des formats sont adaptés, parfois entièrement retravaillés pour ces plateformes. Ils reviennent par la suite sur Youtube en Shorts, la nouvelle stratégie de la plateforme pour concurrencer les stories et TikTok. 

Pour Twitch, en revanche, c’est une autre paire de manches. Contrairement aux autres réseaux, le contenu se consomme presque exclusivement en direct. Une fois la diffusion terminée, il perd instantanément l’essentiel de sa valeur. C’est en réutilisant le contenu d’un live sur d’autres plateformes que celui-ci est valorisable sur le long terme grâce aux algorithmes de réseaux comme TikTok ou YouTube.

Sur Twitch, il faut s’investir en permanence et avec constance pour en extraire la quintescence : l’interactivité avec son public.

Une vulgarisation plus horizontale

Pour parvenir à ce résultat, il est nécessaire pour les vulgarisateurs de reconsidérer la manière de présenter l’information en acceptant de lâcher prise. Le direct impose d’autres normes dans un exercice dont la temporalité ne saurait s’encombrer de la précision d’une vidéo écrite, tournée et montée.

La plupart des lives sur Twitch durent entre 3 et 5 heures. On conçoit que dans le cadre d’un stream de vulgarisation, sa durée soit située entre 1 et 3 heures selon son format. La longueur de la diffusion oblige à une autre interprétation de l’exercice de vulgarisation. Pour stimuler l’intérêt du public, il faut s’éloigner de ce que l’on nomme le modèle du déficit. L’infographie publiée dans l’article «Intégrer les sciences sociales à la formation scientifique» par Julie Godbout et Chantal Pouliot développe trois modèles distincts pour produire des savoirs et s’appliquant à la vulgarisation.

Face au modèle du déficit, Julie Godbout et Chantal Pouliot propose deux autres modèles avec le modèle du débat et celui de la co-production des savoirs. Crédit : Julie Godbout & Chantal Pouliot – ACFAS

Le modèle dont nous faisons l’expérience à l’école, celui du déficit, est également celui que l’on retrouve majoritairement sur Youtube. L’absence d’interactions avec le spectateur impose une certaine verticalité dans la manière de produire des connaissances. Une forme d’échange entre les créateurs de contenu et leur public peut s’établir par le biais des commentaires pour amorcer des réflexions. On reste néanmoins dans une consommation passive, l’essentiel du contenu étant produit par les créateurs.

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Sur Twitch, le modèle du débat est probablement le plus courant. Grâce à l’interface de chat, streamers et spectateurs peuvent ainsi dialoguer en direct. « Interactif » ne veut pas dire « improvisé », et cet échange suppose que les créateurs préparent le live. De leur côté, les viewers participent généralement selon une modalité plus « spontanée », amenée à évoluer selon les dynamiques. Quelques formats que nous développerons ultérieurement parviennent à un modèle de co-production des savoirs qui nécessite de poser un cadre, plus ou moins défini, qui ne correspond pas toujours au fonctionnement très ouvert de la plateforme.

Se tromper pour avancer collectivement

Une des grandes forces du modèle de vulgarisation sur Twitch repose sur la spontanéité des échanges. Dans son live « Sciences Sociales » du 15 février 2023, Modiiie évoque le sujet comme un droit de dire des erreurs spécifique à Twitch. L’aspect organique des échanges permet d’étendre la construction des savoirs, mais surtout de comprendre les enjeux du travail scientifique.

Se tromper est une étape essentielle de l’apprentissage. Lorsque nous commettons des erreurs, nous avons l’opportunité de mieux comprendre les concepts que nous étudions. Nous apprenons souvent mieux de nos erreurs que de nos réussites. Le partage de l’expérience d’apprentissage se fait également par les erreurs que l’on peut commettre. Cela vaut aussi bien en tant que spectateurs ou en tant que streamers. Ce partage des connaissances, le dialogue, permet de développer des thématiques complexes avec plus d’aisance que ne le ferait une communication verticale.

Les vulgarisateurs sur Twitch

Sur Twitch, les vulgarisateurs ne sont pas les mêmes que sur Youtube. Face à ces exercices très différents, un certain nombre d’entre eux se sont adaptés à la plateforme et diffusent désormais régulièrement en direct. Prenons pour exemple Monte de la chaîne Linguisticae. Il est présent sur Twitch depuis plusieurs années et planifie ses directs comme la majorité des streamers professionnels.

Bien qu’il soit identifié comme un vulgarisateur sur Youtube, on ne peut pas dire que son activité sur Twitch consiste à faire de la vulgarisation. La plupart des contenus proposés relèvent du divertissement et principalement du jeu vidéo. Certains directs font néanmoins le lien avec le sujet de sa chaîne Youtube : la linguistique.

Un format en particulier revient sur sa chaîne ainsi que sur celle de nombreux vulgarisateurs sur YouTube. À la sortie d’une nouvelle vidéo, il invite ses spectateurs à venir sur Twitch pour un visionnage collectif agrémenté de commentaires. Il s’agit d’une suite logique au développement d’un contenu vertical qui trouve un autre sens à travers cet exercice de visionnage.

Le Vortex, produit par Arte et le NESblog, pousse l’exercice encore plus loin. Après chaque vidéo, ils proposent en plus de prolonger l’exercice de vulgarisation par le biais de rendez-vous exclusifs en direct. Ces lives sont réalisés en plateau, avec du public et une thématique entièrement tournée vers l’échange. Ils prennent la forme d’une conférence suivie d’un temps de questions-réponses. Ce modèle académique reste très marginal chez les streamers vulgarisateurs, notamment en raison des coûts de production conséquents qu’ils représentent.

Les intellectuels à la conquête du streaming

La crise sanitaire de la COVID-19 a durablement marqué l’enseignement supérieur. Les chercheur·euses se sont retrouvés confrontés à la difficulté de communiquer avec leur public. La numérisation des échanges a permis à certain·es de découvrir l’intérêt des plateformes telles que Twitch. Ces spécialistes viennent d’abord pour transmettre leurs savoirs et ne se définissent pas en premier lieu comme des streamers. Leur approche est souvent celle de médiateurs scientifiques, proposant des expériences et des découvertes à une audience de niche.

Je pense au collectif Pogscience, un rassemblement d’initiatives de lives scientifiques permettant d’identifier ces travaux de vulgarisation. La plupart sont menés par des spécialistes et l’animation reste un enjeu secondaire. Pour autant, certains d’entre eux avouent se prendre au jeu. Twitch reste une plateforme qui privilégie le divertissement. Elle favorise largement le jeu vidéo et a tendance à désavantager les contenus qui s’en éloignent trop .

Le retour en grâce de la lecture sur le web

Comme je l’ai mentionné précédemment, en matière de vulgarisation, il est impossible de ne pas évoquer le travail fondateur de Modiiie. Spécialisée dans les sciences humaines et sociales, Modiiie développe un contenu depuis 2013 qui a progressivement intégré la vulgarisation. Comme de nombreuses personnalités du secteur, son approche est liée à son parcours universitaire.

Les lives de lecture de sciences sociales de Modiiie ont été une source d’inspiration pour beaucoup de personnes sur la plateforme. Pour ceux qui n’ont pas encore découvert le format, c’est votre jour de chance.

Pendant ces lives, Modiiie sélectionne un ouvrage en lien avec une thématique qui est discutée lors de ces rencontres. Elle présélectionne certains extraits du livre sans en faire une lecture approfondie avant le live. C’est durant l’échange et la lecture en direct que Modiiie découvre toute la richesse des pages dans une discussion dynamique avec ses spectateurs.

Durant les lives de lecture de sciences sociales, Modiiie fait avec sa communauté un travail de vulgarisation en explorant les travaux de recherches de nombreux intellectuels. Crédit : Modiiie

Pendant les lives de lecture de sciences sociales, Modiiie et sa communauté travaillent ensemble pour vulgariser les travaux de recherche de nombreux intellectuels. Crédit : Modiiie

L’interaction avec l’ouvrage est centrale. Les spectateurs peuvent parfaitement précéder Modiiie dans leur lecture permettant à l’échange de ne pas être linéaire. La lecture collective permet pour beaucoup de démystifier le livre et des ouvrages difficiles d’accès peuvent être abordés avec beaucoup plus d’aisance.

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Aujourd’hui, le travail entrepris par Modiiie a ouvert la voie à d’autres formats tels que les revues de presse. La plus suivie sur Twitch est celle de Samuel Etienne, qui vulgarise les questions d’actualité en parcourant les pages de la presse papier chaque matin. D’autres streamers comme Usul pour la politique ou Marino de la chaîne Stupid Economics procèdent à un exercice similaire, mais en choisissant un angle spécifique. Tous entretiennent un rapport particulier  au document écrit, mais celui-ci n’est pas le seul moyen d’introduire des connaissances scientifiques sur Twitch.

Le contact direct avec les chercheurs

Organiser des rencontres avec des chercheurs est désormais chose courante sur Twitch. Les streamers ne sont pas nécessairement à l’origine de la vulgarisation, mais ils facilitent la rencontre entre leur public et des chercheurs. Je pense notamment aux interviews historiques régulièrement menées par Nota Bene ou encore aux Lives Histoire et aux interviews et rencontres sportives de Rivenzi. Ces rencontres s’équilibrent entre le discours du chercheur, le travail d’animation de l’interview du streamer et les interventions sélectionnées du public par ce dernier.

Ce format est généralement minimaliste dans sa production. Parfois en présentiel ou en visio, l’échange ne mobilise pas de dispositif technique avancé et se veut relativement linéaire. Certaines rencontres restent organisées en conférences, généralement pour réunir plusieurs personnes autour d’une même table. Durant l’événement Furax, plusieurs conférences étaient prévues et seront réutilisées à des fins pédagogiques au-delà de l’événement. Dans chacun des cas, les spectateurs interviennent, mais toujours par l’intermédiaire des streamers qui se font leur porte-voix.

La vulgarisation en plateau

On notera avec ses streams et son talk-show Backseat que Jean Massiet réalise régulièrement un exercice similaire à celui des revues de presse. Il n’est pas le seul à proposer une approche de la vulgarisation accompagnée d’une production renforcée. Backseat est un exemple parmi d’autres, mais il existe également des propositions ponctuelles autour du jeu vidéo. Je pense notamment à la Game Jam organisée par Arte ou encore aux Rencontres en Terre Indé sur la chaîne de MisterMV. Ces rencontres, hebdomadaires ou plus exceptionnelles, sont à mi-chemin entre des conférences et des interviews en thématisant la rencontre, centrée sur la parole de spécialistes. Le plateau Sciences Sociales animé par Modiiie et mentionné plus tôt dans cet article intègre parfaitement cette dynamique. Introduire un autre standard de production grâce au soutien du CNC pour développer l’offre de contenu autour de la vulgarisation.

Le divertissement comme porte d’entrée sur les sciences

Dans des cadres plus légers, la vulgarisation a également sa place. En effet, Twitch nous a plusieurs fois démontré que son coeur de cible qu’est le jeu vidéo, est un objet totalement soluble dans la vulgarisation.

Plus que n’importe quelle explication de ma part, je vous renvoie tout d’abord vers le travail de Romain Vincent. Il consacre sa recherche à l’utilisation du jeu vidéo comme support de médiation et répond à de nombreuses questions sur ce sujet. Il existe de nombreuses limites à ce que le jeu vidéo peut apporter en matière de vulgarisation, néanmoins il serait dommage de ne pas manipuler l’outil une fois entre de bonnes mains.

Durant le pic de la pandémie de COVID-19, de nombreux projets de vulgarisation avaient vu le jour, notamment sur Animal Crossing: New Horizons. Le jeu s’est présenté comme une opportunité en offrant de vastes collections d’œuvres d’art, de fossiles et d’espèces animales en tout genre dans son musée. C’était également une manière de sensibiliser un jeune public à des questions politiques, les élections américaines ayant atisé de nombreux débats durant les confinements successifs.

À de multiples reprises, des chercheurs se sont intéressés au potentiel du jeu vidéo comme support de médiation. Certains médiateurs scientifiques se sont intéressés au jeu Kerbal Space Program pour expliquer des notions de physique sur Twitch. C’était le cas des équipes du CNES en 2000. Accompagnés des streamers Aedendal, Dadkitess et SpaceExplorerW, ils avaient dédié une soirée à la découverte du jeu pour apprendre comment poser un rover sur Mars.

Le jeu de rôle pour jouer avec les sciences

C’est le même CNES qui avait commandé à Gozulting et FibreTigre un épisode spécial de Game of Rôles : Mission Lune. Dans une formule de hard-science, la partie mélangeait savoir technique et improvisation en intégrant l’astronaute Jean-François Clervoy à l’équipe de streamers. Le jeu de rôle devient de plus en plus la porte d’entrée pour de nombreux organismes qui cherchent à communiquer vers un public jeune. Sur Twitch, il permet d’introduire avec légèreté et naturel la question de l’exploration spatiale tout en réunissant un casting capable d’exploser les audiences de la soirée.

Game of Rôles a réussi à repousser les limites lors du Zevent2022. Avec l’aide des différentes ONG bénéficiant des dons de l’événement, des scénarios exclusifs ont été écrits par FibreTigre. Tous avaient pour but de sensibiliser aux missions des ONG ainsi qu’aux savoir-faire, tels que le démazoutage des oiseaux sur les plages.

Dans cette co-production entre Gozulting et le CNES, l'émission Game of Roles vulgarise les missions de centre en envoyant ses joueurs en mission sur la lune. Crédit : Gozulting

Dans cette co-production entre Gozulting et le CNES, l’émission Game of Roles vulgarise les missions de centre en envoyant ses joueurs en mission sur la lune. Crédit : Gozulting

En mars 2023, un jeu de rôle scientifique a vu le jour sur la chaîne de Geospoil : Roll of Science. Co-produit par le Quai des Savoirs de Toulouse Métropole, le projet ne cache pas ses ambitions de vulgarisation. L’univers et le scénario sont évidemment pensés pour favoriser l’échange sur les sciences, mais c’est également grâce à son casting que le projet se démarque. Celui-ci, composé de vulgarisateur·trice·s, Geospoil, Science de comptoir, Passé sauvage et Arnaud de Stupid Economics, laisse supposer un projet transversal entre différentes disciplines scientifiques.

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Le réact : une comète sur Twitch 

Il est impossible d’omettre les Nuits de la culture organisées par Etoiles. Durant ces soirées, Etoiles et ses viewers regardent deux émissions de la célèbre émission de télévision : Questions pour un champion. Le visionnage est actif, puisqu’il est très régulièrement entrecoupé de pauses pour chercher sur internet des informations complémentaires à chaque question.

D’abord conçue avec les codes du format réact, comme il s’en fait beaucoup aujourd’hui sur Twitch, l’émission prend le contrepried de cette tendance en s’appuyant sur une jeu de culture générale. La seconde particularité repose sur le rapport aux connaissances du public. Les sujets évoqués dans l’émission sont très variés, ce qui amène forcément Étoiles dans une situation où il ne peut pas connaître toutes les réponses.

Cependant, grâce à la collectivisation des connaissances de chacun dans le chat, la plupart des questions trouvent une réponse. Un ancien participant de Questions pour un champion, Scottsbury, est présent sur la plupart des Nuits de la culture dans le chat et démontre très régulièrement son talent, rappelant dans ces moments l’horizontalité des apports dans l’échange entre Étoiles et son public.

Le réact n’est pas réservé aux seuls influenceurs. La chaîne de télévision Arte a compris l’importance de Twitch pour promouvoir ses contenus grâce à l’interactivité. Dans son émission mensuelle « Le Dock », les réalisateurs de documentaires d’Arte sont invités à présenter leur travail sur le plateau. C’est l’occasion de regarder des extraits du documentaire, d’en discuter, d’apporter des précisions et de répondre aux questions du public. Pour animer un plateau aussi polyvalent, Arte a choisi pour sa première une animatrice qui est désormais experte du réact en direct : Opcrotte.

La vulgarisation : tout un événement

Hors des formats récurrents, de véritables événements se développent autour de la vulgarisation. L’ensemble de ces rendez-vous hors-normes reposent presque exclusivement sur la visite de lieux avec une volonté de sensibiliser le public à des pratiques ou des environnements.

Pour rester sur la chaîne d’Etoiles, celui-ci organise depuis 2022 La Nuit du Musée. Un rendez-vous avec d’autres streamers dans un musée différent à chaque édition et qui s’équilibre entre divertissement et vulgarisation. Durant ces rencontres, ils sont accompagnés d’un médiateur scientifique du musée qui apporte de nombreuses connaissances que peuvent directement mobiliser Etoiles et ses invités.

Dans un cadre très différent, Ultia a organisé en 2022 un stream en direct du parc d’Isle de Saint Quentin. Accompagnée d’Angle Droit et d’un soigneur animalier du parc, le live était dédié à la découverte des savoirs techniques et des enjeux de la protection animale. Cette dynamique a également été reprise en mars 2023 dans un voyage intitulé Projet Arctique. La streameuse Trinity est partie avec Baghera Jones et Dylan Trekking au Svalbard, un archipel méconnu situé dans l’océan Arctique. L’occasion de découvrir et de partager l’expérience d’un environnement singulier et de pratiques liées aux conditions de vie extrêmes.

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L’éducation de masse grâce à la vulgarisation sur Twitch ? 

Après vous avoir présenté cette multitude d’initiatives de vulgarisation, il me semble important de m’interroger sur cette notion. Le streaming est un outil fascinant en la matière. Plus que tout autre, il permet de transmettre beaucoup d’informations en multipliant le nombre de participants actifs.

Twitch résout un problème de transmission qu’aucune autre pratique n’avait réussi à résoudre jusqu’alors. Ce n’est pas pour autant la réponse universelle vers une meilleure éducation des masses. Parmi les initiatives présentées précédemment, toutes ne sont pas égales sur la question. Elles possèdent toutes leurs propres avantages et inconvénients. Chacune propose un éclairage différent sur des sujets qui ne peuvent pas tous être traités de la même manière. La vulgarisation est innovante. Chaque jour, que ce soit par besoin ou par concurrence, de nouvelles approches sont développées sur Twitch.

Un autre élément doit être introduit pour distinguer le possible de l’impossible sur Twitch. Aujourd’hui, de nombreux concepts atteignent un point critique entre l’explosion du nombre de spectateurs et la soutenabilité d’une production où l’interactivité n’a plus sa place. Je vante les mérites de l’échange et du rapport plus direct entre les spectateurs et les créateurs. Néanmoins, celui-ci n’est pas le même à 10, 1 000 et 100 000 spectateurs. Vous en conviendrez, la force de la vulgarisation sur Twitch peut trouver ses limites dans cette problématique d’échelle.

Cependant, la vulgarisation apporte une autre dimension au secteur de l’influence. Alors que celui-ci s’évertue à battre ses propres records, la vulgarisation cherche une autre voie en valorisant la participation des spectateurs. Le soutien des institutions comme le CNC aux initiatives de vulgarisation, contrairement à des entreprises plus centrées sur le divertissement et la visibilité, démontre le bien-fondé de ces démarches et leur utilité publique. 

Certains des exemples cités précédemment trouvent des réponses aux enjeux actuels, d’autres cherchent encore une solution à un problème structurel. De nombreuses autres initiatives qui ne sont pas citées dans cet article méritent d’être mises en lumière. Aujourd’hui, Twitch a développé en plus de sa catégorie Discussion une seconde catégorie Sciences et technologie. Un intitulé à propos mais qui reste malgré tout réducteur et devra évoluer pour reconnaître l’ensemble des propositions de vulgarisation sur la plateforme.

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