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Matthieu Dallon – Trust Esport : « Le focus et l’anticipation sont les clés de la réussite ! »

Par Alexandre Hellin
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Aimeriez-vous créer une entreprise dans l’esport qui fonctionne et que tout le monde adore ?

L’esport fait rêver beaucoup d’entre nous. L’effervescence est permanente et la compétition qui y règne nous fait vivre de grandes émotions. Chaque jour, nous voyons passer sous nos yeux des annonces toujours plus incroyables qui affolent les compteurs.

La dernière en date qui me vient à l’esprit concerne Mc Donald’s qui stoppe son partenariat vieux de 15 ans avec la ligue de football allemand pour se concentrer sur le sport électronique. Vous vous rendez compte de l’incidence d’une telle annonce ?

C’est comme si l’esport n’avait qu’une seule envie : maintenir notre taux d’endorphine au maximum.

Cette passion ne vient pas exclusivement de notre attachement aux jeux vidéo et de ses acteurs.

C’est un milieu en pleine construction où tous les rêves sont permis. Dans le fond, c’est précisément ça qui nous attire.

Paradoxalement, il n’a jamais été aussi difficile et accessible d’entreprendre dans l’esport. Le schéma est identique à l’ère internet des années 2000. Tout est encore à imaginer. Une seule idée bien exécutée peut transformer la face du secteur en quelques mois.

Ça donne envie. Cela dit, pas de chimères entre nous. Vos chances de reproduire le succès d’un Twitch ou d’un Fortnite sont minces (quoi que, qui suis-je pour vous dire ça ?).

Le message que je veux vous faire passer derrière, c’est que notre marché n’est pas arrivé à maturité. Celui d’internet oui, par exemple. Vous comprenez la nuance ?

Nous y sommes. Les plus belles réussites de l’esport se construisent maintenant. Tout est en train de se jouer, sous nos yeux.

Nous sommes au départ de la course.

Comme le disait Matthieu Leclère, co-fondateur de Gaming Jobs, dans notre interview : « trouver un emploi dans l’esport, c’est devenu possible, mais les places sont chères ».

Pour le business, c’est le même principe.

Le marché n’est pas encore capable d’accueillir de nombreuses personnes.

D’ailleurs, trouver une idée n’est pas suffisant. En moins d’une heure, je peux vous en trouver 10. Seraient-elles toutes pertinentes ? Probablement pas. Sinon je ne serais pas là à vous écrire ces mots et irais probablement me payer la villa la plus chère de Beverly Hills (bravo à ceux qui auront la référence sans aller sur Google).

Ce qui est le plus important n’est pas d’avoir une idée, mais de l’exécuter.

Et là, c’est le moment où je vous preshot (désolé, je n’ai pas trouvé meilleur mot).

Comment fait-on pour trouver l’argent ? Très bonne question !

Je ne vous conseillerai pas d’aller demander 30.000€ à votre banquier en lui expliquant que votre objectif est de lancer une nouvelle application disruptive qui permet d’analyser l’APM des joueurs esport pour en ressortir des datas exploitables pour la retransmission de compétitions sur une web tv.

Sa seule réaction pourrait être « Du le esport, vous avez dit ? ».

Je suis taquin. Parait-il qu’ils font des progrès.

Bref.

Les entrepreneurs internet ont vécu la même histoire. A l’époque, la presse papier et les grandes agences de communication criaient sur tous les toits que le web n’était qu’une passade réservée aux geeks boutonneux qui restent cloîtrés chez eux à l’abri de la lumière du jour. Ils disaient qu’il n’y avait pas non plus d’argent à se faire.

Ça sonne familier n’est-ce pas ?

Il y a encore beaucoup à faire pour éduquer le monde des affaires à notre pratique. Mais la bonne nouvelle, c’est que ça change. Des solutions émergent. L’une d’elles a vivement retenu mon attention.

Le premier fonds d’investissement européen dédié exclusivement au sport électronique : Trust Esport.

Dans les prochaines années, 20 millions d’euros seront investis dans une grosse dizaine d’entreprises innovantes. C’est un signal fort pour notre écosystème !

Mais je vous l’ai dit, les places sont chères. Après tout, personne n’a dit que ce serait facile.

Qui se cache derrière ce nouveau projet ?

Fimalac (actionnaire de Webedia), quelques investisseurs secrets dont vous ne connaissez probablement rien, mais aussi et surtout, Matthieu Dallon.

Derrière des projets comme l’ESWC ou encore Toornament, il est l’un des entrepreneurs les plus prolifiques dans le domaine de l’esport. Le retrouver à la tête de Trust esport n’est pas anodin.

En partant à sa rencontre, je n’ai pas voulu simplement recueillir ses intentions avec ce fonds d’investissement. Grâce au temps qu’il m’a confié, j’ai surtout pensé que vous adoreriez en apprendre plus sur sa vision de ce que doit être un entrepreneur dans l’esport. Ça tombe bien, puisqu’il nous délivre quelques précieux conseils qui vous aideront franchement, si vous vous décidez à partir à l’aventure.

Il existe de réelles opportunités à saisir. Et j’en suis convaincu, c’est maintenant que tout se joue. Alors, je l’espère, cette interview vous sera utile.

Bonne lecture !

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Bonjour Matthieu Dallon ! Vous venez d’investir, aux côtés de Fimalac et d’autres partenaires, afin de créer Trust Esport, un fonds d’investissement dédié à l’esport et ses technologies. Pourriez-vous revenir à la genèse du projet en nous expliquant comment l’histoire a commencé ?

Avec 3 associés, j’ai créé en 2000, l’une des premières startups esport au monde (Ligarena). Pendant 8 ans, nous avons été l’organisation mondiale de référence dans l’esport aux côtés de Cyberleagues et l’ESWC. Nous nous sommes déployés dans 70 pays et avons été les premiers à créer des spectacles Esports en dehors de Corée (avec en point d’orgue, Bercy en 2006).

J’ai rencontré Antoine Frankart en 2009. Ensemble, nous avons créé la plateforme Toornament.com, aujourd’hui utilisée par des dizaines de milliers d’organisations esports à travers le monde. L’ESWC et Toornament ont rejoint le groupe Webedia en 2016.

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Dès 2006, l’ESWC organisait des compétitions internationales majeures qui attiraient de nombreux fans. Crédits : Webedia

La partie cachée de cette première vie d’entrepreneur, c’est un parcours du combattant, en apprentissage permanent : jamais de trésorerie, peu ou pas de rentabilité, un environnement sociétal hostile, un contexte économique jamais pérenne, voire fatal en 2009 causant un dépôt de bilan, des rebonds, des itérations, des recapitalisations, des rachats d’actifs…

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Tout cela dans un contexte de concurrence internationale féroce, de communautés sans filtres, vous érigeant en légende un jour, puis vous clouant au pilori le lendemain…

Après l’intégration au sein du groupe, et finalement une certaine stabilité, j’ai proposé le projet Trust Esport à Fimalac (l’actionnaire de Webedia). J’avais peut-être besoin de revenir un peu dans ma zone d’inconfort. Nous avons travaillé 1 an avant de trouver le modèle adéquat présenté en octobre.

Quelle est votre envie derrière cette aventure Matthieu Dallon ?

Apprendre un nouveau métier, transmettre mon expérience – les succès comme les échecs – travailler avec des petites équipes très motivées, libérer l’innovation et contribuer au développement de l’Esport. Mais aussi changer les mentalités, enrichir le système éducatif, rapprocher les enfants de leurs parents à travers l’Esport, les interfaces de jeu et de spectacle, faire éclater le talent des champions au grand jour de manière évidente.

Vous possédez une belle carrière dans l’esport. Vous êtes notamment le fondateur de l’ESWC, de la plateforme Toornament et bien d’autres entreprises du secteur. Vos journées doivent être assez agitées et différentes, mais pourriez-vous nous dévoiler la semaine type de Matthieu Dallon aujourd’hui ?

J’ai la chance de travailler pour partie chez moi à Bordeaux et pour partie à Paris, soit à la Station F, soit chez Apicap (la société de gestion en charge du fonds). Je consacre beaucoup de temps à du conseil aux porteurs de projets (sessions online ou irl). Je prépare et participe également à beaucoup de conférences, j’interviens dans des écoles supérieures et j’essaie d’assister à un maximum d’événements esports. Je fais en permanence de la veille. A 45 ans, je prends aussi le temps de vivre et de partager beaucoup d’expériences avec ma famille. Je travaille même avec mon épouse ! Sans compter sur mes enfants de 14 et 12 ans qui sont mes premiers conseillers.

Qu’est-ce que ces 20 années d’expériences vous ont appris dans l’entrepreneuriat esportif ?

Quelques clés personnelles sont entre-lignes de mes premières réponses, en tout cas sur la question générale de l’entrepreneuriat : la liberté n’a pas de prix, mais elle va de pair avec beaucoup de responsabilités car nous ne sommes jamais seuls dans ce type d’aventures, et au final, c’est ce que vous avez construit avec les autres qui compte le plus.

Sur le sujet plus concret de l’Esport, je suis de plus en plus convaincu – et je l’étais déjà beaucoup il y a 20 ans – que nous vivons, en direct, une révolution majeure et profonde, mondiale et sociétale, qui va totalement changer les paradigmes imposés par plusieurs générations sur des questions aussi importantes que la nature et la place du divertissement, notre relation au travail, à l’éducation ou encore à la créativité.

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Le sport électronique est une révolution majeure dans notre société. Crédits : Webedia

Peu importe ce que l’on pense du film, mais le sujet de Ready Player One de Spielberg en est une illustration. A ce titre, l’Esport doit être inclusif, c’est-à-dire ouvert à toutes les formes de jeu et d’interfaces, ouvert à toutes les générations, et considérablement plus ouvert aux femmes.

En simple et court : il reste beaucoup à faire.

Matthieu Dallon, l’esport est encore un secteur relativement neuf et vierge de grandes innovations radicales. De nombreuses célébrités et marques internationales commencent à s’y investir avec des sommes astronomiques. N’est-ce pas trop tôt alors que le retour sur investissement semble encore flou pour beaucoup ?

C’est précisément la question autour des investissements pour les équipes professionnelles, notamment depuis l’avènement des franchises League of Legends et Overwatch. Mais il faut distinguer ce que les marques achètent via du sponsoring (c’est-à-dire des audiences mesurées et réalisées aujourd’hui) et ce que des financiers investissent en capital avec un objectif de retour sur investissement à long terme.

Dans le premier cas, c’est un marché d’offres et de demandes, et je trouve que les sommes investies par les marques sont encore très inférieures à d’autres sports, pour des audiences égales. Dans le deuxième cas, oui il y aura certainement des perdants. L’incertitude quant aux durées de vie des jeux et aux conditions de dépendance vis-à-vis des éditeurs, pèsent sur le risque de ces investissements.

Cependant, il y a des dizaines d’autres champs de développement d’activités dans l’Esport qui ne sont pas ou peu adressés et nous irons dans ces « niches » technologiques.

Quels genres de services devraient être mis en place dans l’esport pour les prochaines années ?  Quels sont les chantiers urgents Matthieu Dallon ?

Avec Trust Esport, nous souhaitons axer nos investissements sur l’amélioration de l’expérience spectateur, la monétisation des audiences et l’optimisation des conditions de jeu.

L’amélioration de l’expérience spectateur est un sujet de fond. Aujourd’hui, en gros, l’esport, jeu par jeu, intéresse essentiellement une certaine typologie de joueurs éduqués à ces mêmes jeux – et très peu de manière transversale ou non-joueurs.

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Parce qu’en fait, même si les jeux sont dotés d’un mode observateur, ils sont d’abord conçus pour être joués, et non pour être regardés. Cela crée, de fait, un plafond de verre à toutes les audiences prises indépendamment jeu par jeu.

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L’esport a encore beaucoup à faire pour engager sa communauté ! Crédits : Webedia

A défaut qu’un studio propose demain un jeu universel, l’équivalent « Esport » de ce que le football a été au XXe siècle pour le grand public, je pense qu’il est possible d’améliorer les jeux existants, comme les expériences de streaming, par du contenu, de l’innovation, de l’interactivité, des didacticiels spectateurs, des seconds écrans… Tout cela évidemment, pour élargir ou engager d’autant les audiences.

Le deuxième chantier plus « business » concerne précisément la monétisation de ces audiences. Toutes les études récentes montrent qu’un fan de sports « traditionnels » (espèce en voie de disparition sur la tranche d’âge 15-24 ans) dépense beaucoup plus d’argent qu’un fan d’esport.

Il est aussi très clair, qu’aujourd’hui, seuls les éditeurs de jeu, grâce aux économies in-game, profitent réellement de l’économie développée par l’engagement des audiences. Avec ces 2 constats, je pense qu’il est essentiel de développer des plateformes, des services, des apps, des contenus, qui permettent une monétisation effective des fans en dehors des jeux.

Troisième et dernier chantier : l’optimisation des conditions de jeu, aussi bien du point de vue des interfaces (technologies ou accessoires innovants), que de la sécurité (anticheat, authentification) ou que de la connectivité (meilleurs ping, vpn gaming, stabilité et déploiement de serveurs…). L’esport amateur/online souffre encore de trop d’inégalités dues essentiellement aux conditions de jeu. L’idée sera de les réduire.

Concernant ces sujets, n’avez-vous pas peur de rentrer en confrontation totale avec les éditeurs Matthieu Dallon ? N’est-ce pas trop dangereux pour un entrepreneur de se lancer sur un segment qui peut être court-circuité à tout moment ?

L’objectif est plutôt de développer plus rapidement et plus efficacement que les studios et les éditeurs, des solutions complémentaires des jeux et de les imposer économiquement, comme dans les usages.

Si les entreprises financées et accompagnées rejoignent ensuite un grand groupe mondial d’édition de jeu, je verrai plutôt cela comme un succès. Mais le point soulevé est pertinent, et je suis très attentif à ces questions.

Le développement d’une entreprise sur le marché de l’esport passe forcément par son internationalisation. Est-il possible d’atteindre un seuil critique et de tester son idée exclusivement sur le marché français de manière cohérente ? N’est-il pas trop restreint ? Et surtout, cela n’impose-t-il pas une marche encore trop importante à franchir pour la majorité des personnes qui souhaiteraient entreprendre sur une simple idée ?

Cela dépend vraiment des sujets. Les projets « média » sont d’abord locaux, et parfois uniquement locaux. Les plateformes sont souvent directement globales (comme Twitch ou Toornament). Les clubs pros doivent nécessairement avoir une ambition et un rayonnement international pour pouvoir prétendre au support de grands sponsors et garder leurs meilleurs joueurs. Le déploiement d’un service, ou d’un nouvel accessoire, peut se phaser, d’un lancement local à un développement national, puis international.

Pour répondre sur le marché strictement français de l’Esport, oui il est clairement « petit », mais plusieurs marqueurs montrent son réel développement et son caractère assez unique : la finale des Worlds de League of Legends à Paris en 2019, la chaine TV ES1, l’association France Esports rassemblant à la fois les éditeurs, les promoteurs et les joueurs, les nombreuses écoles supérieures dédiées aux métiers de l’Esport, de Gaming Campus à XP du groupe Ionis, les accélérateurs esports comme Level 256, la création du fonds Trust Esport…

Franchement, à l’exception des US et de la Chine, entreprendre dans l’esport en France devrait faire rêver les entreprises du monde entier.

Quels conseils précieux donneriez-vous à un jeune entrepreneur qui souhaiterait réussir dans l’esport Matthieu Dallon ?

Je ne vais pas être très original mais sur le plan personnel, je conseille beaucoup d’humilité et de la bienveillance à l’égard de ses collaborateurs et associés. La réussite d’une entreprise est un long chemin qui tient d’abord (et peut-être toujours) aux relations humaines de confiance, d’intelligence partagée, de motivation créée au sein d’une équipe. La première cause d’échec (en volume et en temporalité) c’est le split d’une équipe.

Sur le plan plus business, je conseillerais de garder constamment à l’esprit une tension focus-vision. Faire simple, faire une chose à la fois mais bien. Aller au bout de son idée. Puis itérer jusqu’à devenir le meilleur sur cette idée simple. Et tout cela en ayant un objectif hyper ambitieux. En se projetant dès le premier jour sur ce que pourrait être l’entreprise au maximum de sa réussite – et pas simplement financière.

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L’esport a encore de grandes choses à montrer au monde. Crédits : Webedia

Plus spécifiquement dans le secteur de l’esport, je conseillerais aussi de bien s’interroger sur la chaine de valeur de cet écosystème et la dépendance – ou non – de son projet à des IP tierces, en termes de copyright ou d’accès aux datas, ainsi que l’environnement légal de l’activité selon les territoires dans lesquels elle serait déployée.

Pour un entrepreneur qui ne part de rien et n’a aucun réseau, que doit-il faire pour entrer en contact avec des investisseurs comme vous ? Quel est le processus global et habituel pour convaincre, obtenir des fonds et évoluer à vos côtés au quotidien ?

En ce qui concerne l’accès à Trust Esport, c’est hyper simple. Les dossiers nous sont partagés sur notre plateforme réservée aux professionnels. Nous lisons tout et répondons à tout le monde. J’ai un peu de retard en ce moment du fait de l’annonce et d’un pic de propositions mais, globalement, l’objectif est d’adresser une première réponse sous 15 jours.

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Au stade du premier contact, c’est l’équipe de fondateurs qui compte le plus mais aussi leurs parcours, leurs visions, leur engagement dans le projet. Le dossier attendu est assez standard, je propose même de suivre des modèles comme celui-ci dévoilés sur Forbes.

Bien que les aspects financiers soient importants, ils ne sont pas décisifs à ce stade. Les discussions portent en général plutôt sur le produit ou le service (son originalité, les éléments de création de valeur), et surtout l’adéquation équipe/projet. C’est un principe quasiment « théorisé » par mon associé Mathias Monribot qui a accompagné des centaines d’entrepreneurs ces dernières années.

Si nous croyons in-fine à l’équipe-projet, il faut ensuite s’entendre sur les conditions d’investissement. Si le deal se fait, le modèle proposé est ensuite que je représente le fonds au CA et que je permette aux fondateurs d’avoir accès à l’ensemble de mon réseau (business, média, communauté) et de me solliciter pour conseils. J’assurerai aussi un suivi régulier du développement à partir de KPI définis avec les fondateurs. C’est très structurant pour le focus et l’anticipation – deux clés de la réussite.

J’adore faire de grandes projections pour les rêves qu’elles apportent. Vous n’en savez probablement pas grand-chose, mais, qu’est-ce que vous imaginez faire dans 5 ans Matthieu Dallon ?

La vie d’un fonds est en général une aventure de 10 ans. Dans 5 ans nous serons à mi-chemin ; nous aurons investi dans une douzaine d’entreprises. L’enjeu sera alors de leur permettre de grandir sans nous, soit en cédant nos participations à des industriels que les fondateurs auront choisis, ou pourquoi pas en les accompagnant dans une introduction en bourse si leur croissance le justifie.

J’aurais, je l’espère, encore plus de motivation à continuer ce métier, et il n’est pas impossible que dans 5 ans, je sois aussi dans le déploiement d’un deuxième fonds plus ambitieux, qui pourrait, par exemple, financer le développement de jeux ou la construction de stades esports, et investir éventuellement en dehors de l’Europe, aux US et en Asie.

Matthieu Dallon, un dernier mot à dire pour la communauté et de potentiels futurs entrepreneurs de l’esport ?

Contactez-moi 😉

Merci !

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Propulser l’innovation dans l’esport à un tout autre niveau. Voici la mission que s’offre Matthieu Dallon.

Je le rejoins grandement sur l’idée que nous vivons une révolution majeure de notre civilisation à travers le numérique, le sport électronique mais aussi notre manière de communiquer. Chacun de nous sommes confrontés tous les jours à un environnement qui change constamment.

Comme dans tous les secteurs, entreprendre dans l’esport n’est pas facile. Mais les problématiques sont nombreuses et il n’est pas impossible de créer de magnifiques histoires en les résolvant.

L’une de celles soulevées par Matthieu Dallon est très pertinente : la fragmentation de l’audience au sein même de l’esport via ses différents jeux. Ces derniers ont du mal à attirer un public néophyte et seuls ceux qui y sont familiers s’y dirigent. Les barrières sont nombreuses.

J’imagine que la plupart d’entre vous préfèrent regarder des compétitions de jeux que vous pratiquez ? Ça me semble normal. Et attention, je n’en fais pas une généralité. Il m’arrive moi aussi de tomber sur des compétitions de Starcraft II et d’y rester même si ma connaissance est limitée (si si, elles existent encore).

Personnellement, je ne suis pas joueur de Rocket League ou de Fortnite. Je n’en regarde jamais.

Au contraire, j’ai passé de grands moments sur League of Legends ou Counter Strike. Il m’arrive plus facilement de suivre assidûment plusieurs compétitions et de consommer leurs contenus bien que mon temps de jeu soit divisé par 10 aujourd’hui.

Comment pouvons-nous essayer de changer cette habitude ? Matthieu Dallon offre des pistes qui doivent émoustiller les entrepreneurs en herbe.

Je vais vous citer ma favorite : offrir des didacticiels spectateurs. Je ne sais pas comment matérialiser cette idée de manière dynamique et récréative pour le spectateur. Mais j’en suis persuadé, l’idée est géniale.

L’esport exploite une faible partie de son potentiel pour engager sa communauté. L’arrivée de Trust esport, et de l’expérience de leurs fondateurs, est un signal fort et précieux.

L’esport amateur est également mis sur la table au travers des conditions de jeu à améliorer. Là aussi, les possibilités sont nombreuses et devraient en aiguiller plus d’un à se pencher sur la question.

Si vous voulez entreprendre, attendez-vous à concourir rapidement sur le marché international où la concurrence est rude.

Mais commencer par tester son idée dans l’hexagone est une chance incroyable.

J’adore ces mots de Matthieu Dallon, et c’est d’ailleurs pour ça que j’en ai fait mon titre : « A l’exception des US et de la Chine, entreprendre dans l’esport en france devrait faire rêver le monde entier. »

Il a totalement raison. Oui, en effet, le marché français est « petit ». Mais les opportunités sont là et nous avons la chance d’avoir une grande partie de nos institutions conscientes du développement de l’esport.

Attention cependant. Il ne faut pas penser que notre milieu est un monde fantastique car il nous fait rêver au quotidien à travers notre pratique du jeu vidéo. Notre communauté est l’une des plus difficiles à convaincre.

N’oubliez jamais cette leçon si vous vous lancez.

Parfois, vous serez une légende. Le lendemain, la bête à abattre.

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