Accueil » Pourquoi l’attribution de la finale des Worlds 2019 à Paris va-t-elle booster l’esport en France ?

Pourquoi l’attribution de la finale des Worlds 2019 à Paris va-t-elle booster l’esport en France ?

Par Dimitry Bigot
Gardoum-Worlds-2019-Paris

Il y a quelques jours, l’annonce a fait grand bruit sur la scène esport française : Paris accueillera la finale des Worlds de League of Legends en 2019 !

Ce n’est pas la première fois que la ville lumière accueille la plus prestigieuse compétition du MOBA de Riot Games puisqu’en 2015, les meilleures équipes du monde y avaient posé leurs valises pour y disputer la phase de groupe.

Cette fois-ci, nous n’aurons pas le droit à l’entrée mais au dessert de ces Worlds 2019.

Qui succédera à Invictus Gaming ? La Corée renaîtra-t-elle de ses cendres tel un phénix ? L’Europe confirmera-t-elle son excellente performance lors de ces Worlds ? L’édition 2018 vient à peine de se conclure que nous sommes déjà impatients de vivre le point final de la saison prochaine à Paris.

Mais par delà cette annonce, c’est une véritable stratégie de développement de l’esport en France qui se met en route. Intéressons-nous plus en détail aux tenants et aux aboutissants de cette stratégie avec l’aide de Gardoum, caster chez O’Gaming.

Gardoum-Aylie-Cast

Gardoum accompagné au cast par Aylie (Crédit : Gardoum)

Worlds 2019 : Riot aime la France

Quand un événement Riot Games pose ses bagages en France, une phrase revient souvent : « le public français est le meilleur public au monde ». En chef d’orchestre, O’Gaming transcende la foule. Ca chante, ça crie, ça saute, et cela, peu importe l’équipe sur scène. Si comme tout le monde, nous avons nos petits favoris, nous aimons surtout le beau jeu et le spectacle. Pour nous, l’esport est avant tout une fête. Cet aspect n’est clairement pas passé inaperçu auprès des joueurs, du staff Riot Games mais aussi des fans étrangers venant assister aux événements en France.

En plus du public, la France a l’avantage de suivre l’esport sur League of Legends depuis des années. Via le modèle des web-tv, il y a eu très tôt une structuration du cast dans la langue de Molière. La formule n’est pas nouvelle et s’inspire du sport mais elle a le mérite d’être efficace. Avec la professionnalisation de la scène, nous avons aujourd’hui des plateaux qui n’ont rien à envier à ceux de la télévision.

Mon rôle, en tant que caster, est de donner l’image la plus professionnelle de ce milieu. Ça se retranscrit notamment sur la tenue, la ponctualité, le langage, l’analyse… Il faut faire comprendre aux gens que ce sont de vrais métiers du divertissement. C’est plus qu’un jeu. – Gardoum

Cela est une aide considérable dans la démocratisation de l’esport League of Legends en France. On se retrouve aujourd’hui dans une situation similaire à celle du sport classique où le public regarde une compétition sans forcément y être un joueur de la première heure.

Les gens qui suivent les finales habituelles sur internet les suivent parce qu’ils connaissent déjà de près ou de loin l’esport. Une finale des Worlds 2019 en France apparaîtra dans les journaux et les médias plus communs, ce qui touchera un public plus vaste. En outre, la France a toujours eu un côté chauvin et voudra apprécier un spectacle plus « local ». L’ancien record était, il me semble, d’environ 93.000 personnes lors de la phase de poules aux Dock Pullman en 2015. Cela est aussi dû aux horaires qui attirent bien plus de monde. En imaginant qu’en 2015 l’esport était moins populaire, je pense vraiment qu’une finale en France va faire exploser ce nombre. – Gardoum

Pour toutes ses raisons, Riot Games est assuré qu’un événement en France sera une réussite sur tous les points. Dès lors, il devient beaucoup plus facile de comprendre pourquoi la France accueille autant d’événements majeurs depuis quelques années. Malgré cela, une question reste en suspend. Pourquoi choisir l’AccorHotel Arena pour la finale de ces Worlds 2019 dont la capacité est bien moindre que le Nid d’oiseau (Pékin, Chine) ou le stade d’Incheon (Corée du Sud) ?

Je pense que l’AccorHotel Arena, même s’il n’a pas la capacité rêvée d’un Nid d’Oiseau ou du stade d’Incheon, se trouve idéalement situé dans Paris. Je suppose qu’il y aura de nombreuses rediffusions en viewing party. Cela permettra à beaucoup de gens de suivre la compétition, même de façon indirecte. Riot Games a déjà réalisé les LCS EU 2017 à cet endroit. C’est sans doute plus confortable pour eux de s’implanter dans un endroit qu’ils connaissent déjà. – Gardoum

EIN-MSI-2018

Paris a déjà accueillit la finale du MSI cette année. (Crédit LoL esport)

Une vraie volonté de développer l’esport en France

L’accueil de la finale des Worlds 2019 à Paris l’année prochaine est une excellente nouvelle mais elle fait partie d’un projet bien plus grand pour la France. En effet, Mr Martin, adjoint à la mairie de Paris a déclaré vouloir faire de la ville « la capitale européenne de l’esport« .

  Grève LCS : Les coulisses du bras de fer entre LCSPA et Riot Games !

Les élus ont un véritable désir de faire de la France le lieu incontournable de l’esport. C’est notamment le cas depuis plusieurs années. Pour preuve, en 2016 était promulguée la loi pour une République numérique dont le point 15 reconnaissait officiellement l’esport. Avant cela, celui-ci était considéré comme jeu de hasard. Les compétitions en France, bien que tolérées, étaient alors illégales. Désormais, ces compétitions sont légales et les contrats de travail dans l’esport commencent à arriver emmenant un cadre plus sain et défini.

Depuis cette loi, tout s’accélère pour l’esport politiquement. Cette même année 2016 a vu naître l’association France Esport qui a pour but de rassembler les différents acteurs de l’esport en France. On peut aussi citer Mr Denis Masséglia, qui à plusieurs reprises, a exprimé son soutien à l’esport notamment à l’assemblé nationale lorsqu’il a félicité l’équipe de France d’Overwatch pour leur demi-finale lors de la coupe du monde qui venait d’avoir lieu.

L’esport n’est désormais plus vu comme une sombre pratique mais bien une filière d’avenir dans laquelle il devient intéressant de se placer. Grâce à cet appui juridique et des fonctions publiques, l’esport possède une base plus solide que jamais pour pouvoir se développer en France.

Un événement comme la finale des Worlds 2019 permettra aux marques non endémiques et autres investisseurs de se rendre compte de l’impact de l’esport et d’y investir de l’argent. D’ailleurs, que cela soit dans le sponsoring des équipes ou dans la volonté d’avoir sa marque affichée sur les événements pour toucher le public inaccessible via les moyens plus classiques. Ainsi, on fera avancer la partie économique qui retombera sur la globalité de l’esport – Gardoum

Avant les Wolrds 2019, le développement de la scène locale

Mais avant de penser développement d’une scène internationale esport, il est bon de s’intéresser au développement d’une scène locale. En effet, celle-ci permettra d’entretenir un vivier de joueurs mais aussi de spectateurs dans notre pays. De ce point de vue, là aussi, la France possède de bons atouts.

On peut notamment évoquer les LAN qui ont lieu aux quatre coins de la France et qui permettent à tous de pratiquer l’esport peu importe leur niveau et leur objectif. Certains y vont pour passer un bon moment entre amis tandis que d’autres veulent se révéler aux yeux du monde espérant ainsi se faire repérer et pouvoir vivre de leur passion. Si le sujet vous intéresse, je ne saurais que vous conseiller notre série d’articles dédiée à ce sujet.

Sur League of Legends plus particulièrement, on retrouve aussi ce désir de développer les scènes locales. Ainsi le Challenge France devenu depuis l’Open Tour est né et permet aux meilleures équipes françaises de s’affronter très régulièrement.

Ainsi, de nouveaux talents peuvent éclore et arriver en LCS en connaissant déjà le monde intérieur de l’esport. On peut aussi évoquer La Grosse Ligue, la ligue étudiante officielle de Riot Games qui vient d’être créée et qui pourrait avoir le rôle de premier contact avec le monde de l’esport pour des joueurs professionnels en devenir.

Open-Tour-scene-local-esport

L’Open Tour, le nouveau circuit français de LAN (Crédit: Riot Games)

separateur rose esport insights

L’enjeu est donc grand pour Paris et la France avec l’accueil de cette finale des Worlds 2019. Cela permettra à la France de montrer à la face du monde son désir de jouer les premiers rôles dans l’esport mondial. De plus, il y a fort à parier que ce ne soit pas le dernier événement majeur esport dans le pays. On pense notamment à Blizzard qui a pu se rendre compte de la passion du public français lors de son étape de la coupe du monde Overwatch en septembre dernier. Grâce au succès de l’événement, ce ne sera sûrement pas le dernier que Blizzard proposera sur notre territoire. C’est encore plus vrai quand on sait que Paris accueille désormais une des franchises de l’Overwatch League.

  A l'Elysée, Emmanuel Macron courtise l'esport français et adoube France Esports

Si cette stratégie vise les grands événements, elle va aussi avoir des répercussions sur la scène locale et permettront à plus de personnes de découvrir l’esport. Celles-ci auront un poids pour permettre à l’esport d’obtenir la reconnaissance qu’il mérite.

Vous aimerez lire aussi

Laisse un commentaire

Soutenez nous en vous abonnant à notre newsletter !

Recevez gratuitement nos interviews (et bien plus encore !) directement dans votre boite mail. 

Vous êtes bien abonné(e). Merci !