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Interview Duke : tout savoir sur le coach esport !

Par Alexandre Hellin
Duke

Le métier de coach esport est-il réellement important ? Toute l’attention qu’on lui accorde ces dernières années est-elle méritée ?

Certains d’entre vous ont peut-être l’objectif d’en faire leur voie et tenter de devenir le meilleur de tous. Si c’est le cas, vous savez mieux que quiconque que ce n’est pas si simple. Il est pratiquement impossible de comprendre à quel point un coach esport joue un rôle majeur sans vivre soi-même l’expérience. Et malheureusement, tous ceux qui ont réussi à entrer dans ce cercle fermé en font un secret bien gardé.

Que font-ils ? Quel est leur quotidien ? Quelles sont leurs méthodes de travail qu’ils cultivent dans l’ombre des regards ? Existe-t-il une recette miracle pour réussir et gagner tous les matchs ? Comment gèrent-ils la pression du résultat ? Quels sont leurs rapports avec les joueurs ? Comment se font-ils respecter ?

C’est exactement ce que j’ai voulu savoir en continuant mon tour d’horizon des métiers de l’esport.

Pour mettre en lumière toutes ces questions, je me suis aidé de Duke.

Passé par une activité bénévole chez Millenium, il fait réellement ses premières armes en tant que commentateur chez O’Gaming. En seulement quelques mois et une envie de voir plus grand, il plie ses bagages pour filer tout droit dans l’un des clubs de sport les plus prestigieux du monde prenant le pari de l’esport : le PSG.

Malgré des ambitions clairement affichées, celles de titiller le top européen, l’histoire retiendra seulement une année noire et néfaste qui ne manquera pas d’écorcher l’image du club mais aussi celle de Duke, alors Head Coach.

Loin d’être abattu, il réussit à rebondir de la meilleure des manières en intégrant Splyce en tant que coach stratégique, une équipe League of Legends présente en LCS EU !

En seulement deux saisons, il a vécu une aventure riche d’expériences m’indiquant qu’il était l’un des candidats les plus pertinents pour cette interview.

Ensemble, nous avons abordé de nombreux sujets qui ne manqueront pas de vous en apprendre plus sur le sujet, surtout si vous voulez comprendre comment devenir coach esport !

Bonne lecture !

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Bonjour Duke, quel a été ton déclic pour devenir coach sur League of Legends ? Qu’est-ce qui t’a fait dire « je veux me lancer là-dedans ? »

Déjà, je ne dirais pas que c’est par hasard ! Je travaillais déjà dans la finance ou encore chez Ubisoft. J’étais commentateur chez O’Gaming durant mon temps libre. Avec le temps, ça prenait un peu mais je ne me voyais pas faire ça à plein temps. Ça ne m’intéressait pas suffisamment, et de toute façon, je pensais qu’il n’y avait pas de carrière viable, que ça soit financièrement ou avec un plan de carrière, en tout cas en France. Pourtant, évoluer dans l’esport me plaisait alors je me suis renseigné sur ce que je pouvais faire. J’étais plutôt bon sur l’aspect technique du jeu. Donc, je me suis dirigé vers des équipes professionnelles. Je recherchais tout ce qui pouvait me tomber sous la main. Ça pouvait aller  d’analyste à assistant coach esport. Finalement, je suis entré en contact avec Yellowstar et en passant différents entretiens, j’ai commencé ma carrière de coach esport au PSG.

J’aimerais qu’on détaille un peu plus ce parcours pour ceux qui souhaiteraient emprunter le même. Tu n’étais pas tout seul à postuler sur ce genre de poste. Quelles sont les épreuves par lesquelles tu es passé ? Le métier de coach esport est très compliqué à obtenir dans l’esport, pourquoi le PSG ou Splyce te choisissent toi ?

Je pense que les processus de sélection ne sont pas figés. Ça dépend des équipes. Dans les équipes où je suis passé (PSG et Splyce, ndlr), ce sont déjà celles qui ont les démarches de sélection les plus abouties. Sinon, je n’aurais pas pu y aller et il y aurait eu du copinage car c’est encore quasi systématiquement comme ça que le choix se fait.

Quand je dis copinage, je parle de réseau. Ça va passer par les gens que tu connais, si tu as déjà été coach esport dans une équipe et que tu es potes avec certains joueurs etc. En l’occurrence pour le PSG, je connaissais justement Sacha Brodowski que tu connais et que j’ai rencontré de manière parfaitement au hasard dans une conférence sur la politique, qui n’avait d’ailleurs rien à voir avec l’esport.

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On a commencé à discuter. Je savais qu’il était derrière ce projet-là alors je lui ai demandé de rentrer en contact avec Yellowstar. Un mois plus tard, je reçois un message de lui. On a commencé par beaucoup parler sur Skype et passer pas mal d’entretiens. Ce fut assez long. Je crois qu’il faisait pareil avec d’autres personnes car on était pas mal sur ce poste. J’avais un CV qui n’était pas exclusivement composé d’expériences sur LoL mais aussi sur d’autres postes, ce qui apportait un côté sérieux à ma candidature. J’ai fait des études et j’avais évolué dans différents environnements professionnels. On s’est bien entendu et mes idées lui convenaient.

On a pris rendez-vous dans un café et au bout d’une heure, il m’a annoncé que j’étais pris en tant que coach esport. On est déjà dans le haut du panier dans l’esport mais Splyce c’était encore autre chose. Je te parlais de réseau, j’avais quand même Sacha qui avait pu me mettre en contact avec Yellowstar mais pour Splyce, je ne connaissais personne, et surtout, je n’avais pas très une bonne réputation publique à la sortie du PSG.

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Duke et ses joueurs au PSG. Crédits : Duke et PSG esports.

On a eu de mauvais résultats, mais les gens avec qui j’ai travaillé m’estimaient et donc je pouvais avoir leurs recommandations. Je cherchais des postes, mais ils ne venaient pas à moi. A l’international, je ne connaissais personne. Donc forcément, ça ne poussait pas à me recruter. J’ai eu 2-3 offres mais elles n’étaient pas intéressantes. Je ne me voyais pas aller dans la scène française où c’est encore trop amateur. Et puis, financièrement, c’était trop faible. Du coup, j’ai vu que Peter Dun revenait en Europe pour devenir le Head coach de Splyce. J’avais vu pas mal d’articles et de gens connus qui parlaient de lui. Ils disaient tous de lui qu’il était un excellent coach esport. Quand j’ai vu qu’il revenait en Europe, je l’ai contacté directement et je lui ai dit que je sortais du PSG. Je n’avais pas une grosse réputation mais je savais que je pouvais faire quelque chose. Il recherchait effectivement quelqu’un donc j’ai envoyé mon CV et il est revenu vers moi.

Là, il y a eu un gros processus de sélection. On a eu un entretien d’une heure sur le coaching où il essayait de comprendre comment je réagirais sur différentes situations problématiques, un peu comme une étude de cas. Ensuite, il est revenu vers moi quelques jours plus tard et là, c’était beaucoup plus technique. Il m’a donné 5-6 questions assez larges sur le Best of 5 de World Elite contre Cloud9 lors des Worlds et il m’a dit que j’avais 24h pour les traiter en profondeur. Donc j’ai passé toute la journée à travailler dessus. Les questions étaient volontairement larges pour voir comment j’allais les creuser. Il fallait que je rentre dans les détails, mais il y avait des questions pièges aussi. Celles qui supposent l’inverse de ce que tu dois répondre. La restitution a duré 2h et à l’issue de ça, il m’a dit que j’avais été le meilleur candidat. J’étais pris ! Bien sûr, il a aussi contacté les gens avec qui j’ai travaillé pour s’assurer de mon sérieux et ma qualité de travail.

Aujourd’hui, ça fait plusieurs mois que tu es chez Splyce, quel est ton quotidien et quels sont tes rapports avec le staff et tes joueurs ? Comment se décompose ta journée ?

Globalement, on travaille du Lundi au samedi inclus avec vendredi et samedi en jour de match. Je me lève vers 9h, je fais du sport 45mn et ensuite je vais au travail en vélo. J’arrive vers 10h30 environ. De 10h30 à 13h, on regarde des replays et éventuellement les LCS en live. On discute des drafts avec les autres coaches, on prépare des reviews ou des présentations à montrer aux joueurs. Ça dépend du besoin. Parfois, on a des meetings avec le reste du staff. Surtout le lundi où on a une réunion qui prépare la semaine pour parler de nos focus sur des problèmes humains ou en jeu.

Ensuite, à 13h30, on a une réunion avec les joueurs. Les jours d’avant-match, on va parler des drafts, et le lundi et mardi, on sera plutôt porté sur des sujets comme le warding, les sides lanes, des stratégies qu’on réalise mal etc. A la toute fin de cette réunion, on va également faire un point sur les scrims (entrainements contre d’autres équipes de manière privée, ndlr) qui commencent directement après à 14h.

Pour ces entrainements, on a deux blocs de 3h avec une pause de 45mn entre les deux. On fait 3 games dans chacune des sessions. Pendant chacune d’elle, je prends des notes pour la review qu’on fait après chaque partie afin de faire le point sur ce qu’ils ont mal fait ou au contraire sur ce qu’ils ont réussi et qu’il faut reproduire. Je fais aussi pas mal de 1v1 avec les joueurs qui sont sur des problématiques plus techniques. Par exemple, hier, j’ai passé une heure entière à parler avec Nisqy pour évoquer sa gestion de la side lane et comment il doit jouer.

Ça a l’air assez générique mais chaque jour est assez différent car les problèmes sont toujours uniques et il faut les aborder différemment. Mais surtout, il faut s’adapter aux profils que tu as en face de toi.

Comment, en tant que coach esport vous appréhendez les différentes discussions avec les joueurs, par exemple sur les picks et bans ou encore leur phase de laning ? Comment vous vous faites entendre ? De quelle manière les joueurs sont susceptibles de vous écouter ?

C’est l’éternelle question qu’on a en tant que coach esport. De quelle manière on se fait respecter alors qu’on n’a jamais été joueur professionnel ? Déjà, avoir été ancien joueur pro, c’est plus un poids quand tu deviens coach. C’est très rare qu’un ancien joueur fasse un bon coach esport. La barrière à l’entrée, c’est avoir une connaissance suffisante pour apprendre des choses à tes joueurs. En quoi un joueur qui a toujours été plus ou moins médiocre aura plus à apprendre à un joueur comme Caps qu’un coach qui n’a pas été joueur ? Est-ce que ce qu’on apprend en tant que joueur professionnel est une réelle valeur ajoutée pour faire évoluer de si bons joueurs ? La réponse est non.

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Duke et Nisqy en LCS EU. Crédits : Lol esports.

Par contre, il sait comment appréhender le jeu d’un point de vue compétitif. Il sait déjà réfléchir au jeu d’une manière différente de ceux qui n’ont jamais été joueurs. Par conséquent, la problématique c’est plutôt de réussir à comprendre comment aborder l’analyse de LoL en général et réussir à être pertinent. C’est le problème quand tu écoutes les journalistes, c’est encore plus vrai en France, les personnes qui ne travaillent pas dans une équipe et qui parlent de ça, de l’intérieur, tu as vraiment l’impression qu’ils ne comprennent pas de quoi ils parlent. C’est encore pire quand tu écoutes la communauté.

La question c’est : comment tu te fais respecter ? Par ta connaissance de jeu. Si le joueur te trouve pertinent, il te respectera, et si tu dis des conneries, il va le voir tout de suite. Ça dépend de tes joueurs aussi. Si tu as 5 joueurs qui sont plutôt mauvais, c’est beaucoup plus simple de leur donner des conseils pertinents. Alors que tu si coaches 5 vétérans des LCS, c’est bien plus compliqué de leur apporter quelque chose. Je pense que si je coachais mes joueurs chez Splyce de la même manière que je coachais mes joueurs du PSG, il me prendrait beaucoup moins au sérieux. J’ai beaucoup progressé depuis. Il faut juste comprendre le jeu suffisamment bien pour te faire respecter. Ça dépend de ton investissement à avoir un degré de connaissance de jeu pertinent. Si les joueurs voient que tu leur apportes quelque chose, ils t’écouteront, mais si tu fais trop d’erreurs, ils peuvent perdre confiance en toi en un instant. C’est pour cette raison que ce n’est pas facile pour un nouveau coach esport d’arriver dans une équipe de vétérans.

Il existe beaucoup de désaccord ? Notamment sur le choix des champions à jouer ? Comment vous faites comprendre à vos joueurs que vos choix sont les bons sur les prochains matchs qui arrivent ou sur les compositions qu’ils peuvent sortir actuellement ?

On travaille ça toute la semaine. Ils sont très impliqués dans ce choix car les drafts sont très dépendantes des joueurs. On choisit les champions à jouer en fonction de leurs forces et faiblesses.

Parfois, il y a des drafts qui ne sont pas optimales sur le papier par rapport à la méta actuelle du jeu, mais tout le monde ne joue pas tout. Ça dépend aussi de ce qui est pris en face. Il peut arriver parfois que les joueurs ne soient pas emballés par certains choix. Quand on dit à un joueur qu’on va le sacrifier pour mettre bien les autres, il ne va pas être bouillant. Alors, si tu perds derrière, il va être frustré de ne pas avoir pu faire grand-chose. Tu imagines que si en plus il va sur Reddit et qu’il voit le commentaire d’un fan disant qu’il ne servait à rien et qu’il a mal joué, alors que de toute façon il ne pouvait rien faire, il va forcément se vexer. Mais dans l’ensemble, ça va.

Quand tu es coach esport, il faut savoir te détacher de certaines réactions, il faut garder un cap aussi. Ça arrive qu’on ne soit pas d’accord avec les joueurs, mais on essaie de trouver un juste milieu. Après coup, ça nous arrive de nous dire qu’on aurait dû choisir un autre champion, mais ce n’est pas la fin du monde. De la même manière qu’il y a des erreurs durant la partie, il y en a aussi durant les drafts.

Ce n’est pas comme si la draft était uniquement dépendante des autres car les joueurs en font partie aussi. Ils ont leur propre responsabilité. Le choix des champions a un intérêt qui est très surévalué. Elle est très importante, mais dans le travail d’un coach esport, c’est vraiment une partie isolée. C’est finalement une compétence très spécifique dans tout ce qu’on peut faire. Mais ça, c’est justement car c’est la seule chose que le public voit et qu’il peut comprendre assez facilement. C’est là-dessus que le public assimile notre travail.

N’est-ce pas un problème pour toi cette cassure que peut connaitre l’esport sur le long terme ?  Finalement, même le spectateur averti ne comprend pas véritablement ce qu’il se passe sous ses yeux.

Ils peuvent comprendre le principal en s’amusant. Tu peux apprécier les bons teamfights, les bons mooves pour prendre la tour en premier etc. Mais après, je pense que t’es pas obligé de rentrer dans le détail non plus pour vraiment prendre du plaisir. Le problème d’un point de vue professionnel, c’est de voir des mecs qui critiquent tes choix ou tes joueurs, même la draft, alors que c’est minime et qu’ils sont 95% du temps vraiment à côté.

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Souvent, ils vont déceler des symptômes mais leur explication n’est pas du tout la bonne. Ils n’essaient pas de comprendre vraiment la raison des problèmes. Des fois, ça peut remonter 2-3 minutes avant le résultat d’un moment de jeu. Donc honnêtement, je ne pense pas que ça soit un problème. Quand tu es un nouveau joueur ou un nouveau coach, c’est frustrant de voir des retours de la communauté. C’est toujours un peu pénible d’aller sur les réseaux sociaux. A force, tu apprends à t’en détacher. De la même manière que la draft est vachement frustrante pour un coach car toutes les défaites viennent presque de là.

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« Les fans peuvent comprendre le principal du jeu et s’amuser sans rentrer dans les détails » Duke. Crédits : Lol esports

Quand un fan va te dire que ta draft est nulle, même s’il a tort, il a raison d’une certaine manière car on a perdu. Il peut être complètement dans le tort aussi, mais en critiquant la draft, il critique l’équipe et le coaching d’une manière indirecte, et il a raison. C’est une mauvaise critique en soi, mais ce n’est pas pour autant qu’on n’est pas critiquable sur d’autres compartiments du jeu. Du moment que tu te remets en question, c’est le principal. Car si tu t’arrêtes à ce que tu lis sur internet, tu ne t’en sors pas.

Aujourd’hui, tu peux nous expliquer votre méthodologie pour choisir les équipes contre lesquelles vous faites vos matchs d’entrainement ? J’aimerais aussi ton retour sur la méthode qu’ont les équipes sur LoL pour s’entrainer. Ce n’est pas un problème ?

On s’entraine avec les équipes LCS EU qui sont disponibles. Selon ce qu’on veut travailler, on peut en choisir une spécifique. Il y a aussi certaines équipes comme Giants ou Roccat avec qui on apprécie jouer. Ce ne sont pas forcément les meilleures équipes, mais elles nous permettent de travailler sérieusement des éléments de jeu spécifique sur lesquels on n’est pas bon.

Vous jouez Roccat la semaine où vous les rencontrez ?

Non bien sûr ! Une semaine ou 2 avant de jouer les équipes les LCS, on fait attention de ne pas s’entrainer contre elles. Pour ton autre question sur les méthodologies, en fait, on est très lié aux scrims. On fait toujours une partie de LoL en essayant d’isoler les problèmes. Mais comme tout est dépendant de la draft et de la partie elle-même, c’est compliqué.

Si tu veux essayer de travailler un truc spécifique, il te faut un peu de chance car si ça se trouve, ça va arriver 3 fois dans la journée. Tu n’as pas forcément le match up que tu veux car l’équipe en face va aussi s’entrainer sur ses problématiques sans prendre le champion que tu aimerais voir. En soi, le problème n’est pas tant sur la méthodologie mais plutôt sur les outils dont on dispose pour s’entrainer. Si tu avais un outil d’entrainement qui peut simuler 50 fois la situation de ton équipe autour du nashor sans que l’équipe adverse puisse contester, ça serait génial. Le problème, c’est que ça n’existe pas.

Si on avait plus d’outils, on pourrait certainement adapter l’entrainement. Mais est-ce qu’on peut les construire ? Je crois que c’est très difficile avec Riot, et puis on n’a pas les compétences pour ça. Sinon j’aimerais aussi avoir un aspect analyse plus poussé qu’on n’a pas trop chez Splyce encore. Toute personne qui parle du jeu est un analyste mais ça n’a rien à voir encore sur ce que je souhaite. Sur la scène professionnelle, c’est celui qui va entrer dans les données, parfois même, faire de la programmation. Il peut te parler des statistiques des différentes régions, de la SoloQ. Un bon analyste va réussir à sortir des informations utiles de tout ça ou qui va aussi scout les parties. On le fait déjà ça, mais ce n’est pas notre boulot premier. Il y a des personnes qui font ça toute la journée et qui sont très bonnes, comme chez Fnatic d’ailleurs.

Un peu comme l’utiliserait une entreprise aujourd’hui avec la data.

Exactement, d’ailleurs, c’est très lié.

D’après toi, que doit obligatoirement apporter un coach esport à ses joueurs ? Que ce soit humainement, dans le jeu, mais aussi professionnellement.

Franchement, je pense que ça dépend beaucoup des joueurs eux-mêmes et de quoi ils ont besoin. Typiquement Fnatic, c’est une équipe de superstars, leur coach esport n’aura pas besoin d’être très technique. Ses joueurs savent jouer au jeu. Ils peuvent toujours s’améliorer, mais le principal problème dans ces équipes, c’est la gestion de l’ego.

Un coach avec une forte autorité et du charisme qui réussit à résoudre des conflits humains entre les joueurs, c’est presque plus important qu’un coach qui va être capable de les améliorer dans le jeu. Ils sont tellement bons qu’il faudrait un coach excellent techniquement pour les pousser à un niveau supérieur.

Tu peux toujours trouver de nouvelles façons d’aborder le sujet, mais pour ce genre de superstars, il faut un coach tourné vers l’humain. Quand tu coaches de jeunes joueurs qui débutent, il faut leur apporter un cadre technique et reprendre les bases du jeu.

L’avantage d’une équipe comme Splyce, en milieu de tableau LCS, c’est qu’il faut faire un peu de tout. Tu as beaucoup d’axes sur lesquels tu peux progresser techniquement mais qui restent assez pointus. Il faut être solide techniquement mais tu as aussi cette gestion de l’humain qui est omniprésente avec la motivation et l’autorité dont tu dois faire preuve. C’est pour ça d’ailleurs qu’il y a pas mal de coach esport qui préfèrent travailler avec des équipes de jeunes joueurs en LCS.

Typiquement, là on peut parler de Yamatocannon chez Vitality et ses nouveaux joueurs. Après, c’est une question d’opportunité. On te propose Fnatic tu prends. Je parlais avec Peter (Head Coach Splyce, ndlr), ça l’intéressait pas mal de travailler avec des jeunes joueurs, alors qu’avec son parcours, il peut prétendre à beaucoup plus. C’est peut-être le meilleur challenge.

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Yamatocannon, personnage charismatique et coach chez Team Vitality. Crédits : Lol esports

Je peux comprendre qu’il existe une énorme différence entre une équipe LCS et une équipe d’un niveau national, mais tu sous-entends qu’il y a une grosse différence entre les équipes LCS elles-mêmes ?

Non, je cite Fnatic parce qu’ils sont spécifiques. C’est l’équipe où tu as Rekkless, Soaz… Ce sont des joueurs qui ont déjà quelques kilomètres avec une personnalité assez forte et une fanbase assez énervée. C’est une équipe très différente des autres en Europe. Il y a peut-être Misfits aussi.

Même pas G2 ?

G2 a moins de pression du public. L’équipe a moins de problèmes d’égo je dirais. Team Solomid en LCS NA, ça serait aussi le cas comme Fnatic tu vois. Même si maintenant, ils ont bien besoin d’un coach esport technique. Ils sont non-stop sous le feu des projecteurs. Ils ont des joueurs très connus qui ont une grosse personnalité.

Chez Splyce, on est un peu entre les deux. Encore une fois, toutes les équipes sont différentes. De la même manière qu’une équipe de challengers, c’est aussi le cas. Mais tu vas devoir les cadrer techniquement au début. Le temps qu’ils assimilent les bases pour avancer avec ton coaching, tu en as pour des années. Tu n’as pas besoin d’être une star quand tu coaches des challengers, mais il faut être solide sur les bases. Tu auras moins de problèmes de gestion d’ego mais il faudra que tu gères les émotions de tes joueurs, c’est encore des problèmes différents à ce niveau.

Tu évoques très justement que tu peux aider tes joueurs en cas de problèmes, moi j’aimerais qu’on rentre dans cette phase-là du coaching. Explique-nous par quels genres d’obstacles le coach peut passer avec ses joueurs au quotidien ?

Tu as des milliards de façons d’aborder ces problèmes. Chaque jour il y a une nouvelle situation, tu ne peux pas les préparer à l’avance. On pourrait scinder ça en 3 grandes catégories : l’aspect humain, qui va être la gestion du moral des joueurs, leurs comportements et leurs communications. L’aspect stratégique qui va justement être aussi de la communication, de la macro qui peut être parfois résolu avec toute l’équipe et ensuite l’approche micro. D’ailleurs, l’approche individuelle du jeu est la plus difficile à aborder pour un non-joueur, car ça touche directement à la gestion de ton champion sur la lane.

Il y a des coaches très bons là-dedans. Ça dépend de son expérience. Chez nous, on travaille pas mal sur ce point malgré qu’aucun de nous ne soit un ancien joueur. Je bosse pas mal avec Odoamne et Nisqy là-dessus par exemple, on voit leurs gestions de wave, du stuff… Je ne pense pas que ce soit  ma force principale, mais je peux progresser sur ce domaine.

Tu n’as pas toujours la solution au problème mais réussir à mettre le joueur face à ses lacunes en mentionnant certains blocages, finalement, tu l’aides ! C’est un peu ce que je te disais tout à l’heure avec la communauté. C’est caricatural, mais quand elle critique ta draft, même si elle se plante, elle aura peut-être vu quelque chose qui n’allait pas vraiment et si tu arrives à revenir à la source du problème et réparer ton erreur, c’est ça qui est intéressant.

En tant que coach esport, on réussit à rentrer un peu plus dans les détails mais ça peut nous arriver de pointer un problème et parfois se tromper. Le joueur peut aussi réfléchir, trouver le souci et le réparer de lui-même. Le simple fait de créer la discussion, ça peut être décisif. Cet aspect micro est le plus complexe, en tout cas, pour moi. Mais c’est aussi le moins important des 3 aspects, et de loin. Il sert principalement à perfectionner certains détails. L’aspect technique dépend de ta connaissance de jeu et l’aspect humain dépend de ta personnalité, de ton charisme, de la confiance que les joueurs ont en toi, de ta capacité à analyser les problèmes et trouver des solutions.

Comment tu aides tes joueurs à tirer le meilleur d’eux-mêmes ? Chaque coach esport doit avoir ses affinités, ses façons de travailler et aussi sa façon de voir les choses. Comment toi, spécifiquement, tu arrives à amener tes joueurs à la victoire ?

Au-delà de la préparation stratégique de la partie, dépendant de nos adversaires mais aussi de la méta, on essaie de motiver les joueurs de différentes manières. On a des personnalités assez différentes dans le staff. Peter Dun est très réservé. Il ne cherche pas forcément la confrontation et va souvent les caresser dans le sens du poil. Moi, je vais être beaucoup plus direct. Je ne suis pas agressif mais disons que je ne vais pas hésiter à donner les responsabilités aux joueurs en leur disant où ils ont fauté.

Cette approche est assez dangereuse car si le joueur ne te respecte pas, si tu te plantes ou qu’il estime que tes reproches sont injustes, il va perdre confiance en toi. Il faut être sûr de tes commentaires.

Sur les sujets techniques, il faut pouvoir être direct pour ne pas perdre de temps et avancer. Même si c’est un jeu d’équipe, il y a souvent un joueur qui a eu une responsabilité à un moment clé de la partie. Encore une fois, c’est rarement détecté de l’extérieur, mais quand tu rentres dans le détail, il faut réussir à isoler l’erreur du joueur pour qu’il ne recommence pas.

Mais ça dépend grandement du joueur aussi. Certains sont plus réceptifs que d’autres sur un coaching très direct. Ce sont souvent des joueurs capables de se remettre en question et de ne pas tilt. Avec d’autres, il faut plutôt prendre des pincettes. Je vais avoir tendance à bosser en priorité avec les joueurs plus réceptifs alors que Peter ira travailler avec les autres même si ça m’arrive de réfléchir avec tous les joueurs. Globalement, on répartit les approches.

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Peter Dun, Head Coach chez Splyce. Crédits : Riot Games Brésil.

J’aimerais revenir sur la pression du résultat parce qu’elle est forcément présente quand tu es coach. Comment tu gères ce stress au quotidien ? Pour imager un peu cette réponse, j’aimerais qu’on revienne sur votre défaite contre H2K durant ce split de LCS EU qui était à 0-13. Comment on se remet dans une bonne dynamique après cette contre-performance ?

Les gens dramatisent, ce n’est pas qu’on s’en foutait, mais on savait qu’on avait beaucoup de soucis à jouer contre les équipes de bas de tableau. Je savais que c’était un gros risque et je n’étais pas confiant. H2K ne sont pas bons, mais ils ne sont pas aussi mauvais que les gens le pensent. Les joueurs sont bons individuellement. S’ils gagnent le début de partie, ça devient difficile comme chaque partie de League of Legends.

Forcément on était déçu, mais honnêtement, on a eu beaucoup de bas avec Splyce. On est habitué à rebondir dans ce genre de situation. Il faut savoir remotiver les joueurs, leur parler, leur montrer que tu as un cap à garder en tête. Ce n’est jamais évident. Pour revenir sur H2K, l’équipe aurait pu être meilleure sur le split. Tu l’as bien vu au spring split, c’est exactement la même équipe qui ont été en play-offs. Le problème, c’est quand tu commences à être en 0-4 puis 0-6. Ça se joue à pas grand-chose, ce n’est que quelques matchs. Si tu ne joues pas bien avec un calendrier difficile, ça n’aide pas. C’est un peu ce qui nous est arrivé. On était très mauvais au début de spring split. On a pris quelques victoires à droite à gauche mais on était sous pression.

Pas autant qu’H2K je pense car ils se sont écroulés mentalement. C’est un peu ce qui m’est arrivé au PSG. Tu ne comprends pas trop pourquoi ça ne se passe bien le jour J. Du coup, tu as une mauvaise ambiance de travail, c’est un vrai cercle vicieux. Mais si jamais ils avaient gagné 1 ou 2 matchs au début, leur saison aurait été bien différente. C’est une question de confiance. Je n’ai pas de solution. L’année dernière avec le PSG au summer split, ça nous est arrivé. Ce n’était que 5 games en challenger series, mais ce n’était pas évident de savoir ce qui aurait pu être différent. Avec mon expérience de coaching actuelle, j’aurais été meilleur aujourd’hui.

Je pense que c’est très très dur de sortir de ces situations. Cette année, on a aussi un psychologue sportif qui bosse avec les joueurs pour essayer de les motiver. Il y a vraiment pas mal de choses à gérer. On n’a pas forcément un contrôle là-dessus en permanence. Gérer le stress fait partie du métier et je pense que ça dépend beaucoup de la personnalité des joueurs. Certains le gèrent bien mais d’autres, pas du tout. Un excellent joueur sera celui qui va le maîtriser malheureusement.

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Pour revenir plus globalement sur toi-même et ta façon de gérer ce stress-là, comment ça se passe ? On parle beaucoup des joueurs mais le stress est aussi présent au niveau du staff, comment on se sent dans la peau de Duke quand on est un coach esport sur une série de défaites et qu’on se dit qu’il faut absolument remonter la pente ?

Honnêtement, l’année dernière je le vivais assez mal. J’étais très exposé au PSG, j’étais censé être Head coach. C’était ma première année donc je prenais plus à cœur les réactions du public. Forcément, c’est très dur. J’ai mis pas mal de temps à m’en remettre après la saison. Quand tu draft, c’est différent car tu as un côté performance. Il faut prendre des choix rapidement toutes les 30secs. Tu as beaucoup de stress qui rentre en jeu.

Maintenant, je suis aussi stressé bien sûr. Notamment quand on est à 0-4 et qu’on se dit qu’on va passer une mauvaise saison. En ce qui me concerne, je prends un maximum d’expériences. D’une part je ne suis pas Head coach donc on m’ennuie moins. Je suis tombé suffisamment bas dans l’estime publique en France et je suis inconnu à l’étranger, donc je ne fais plus attention à ça aujourd’hui. J’ai plus vraiment d’espoir à l’idée de plaire au public français et je n’en ai même plus l’intérêt d’ailleurs.

Je n’ai plus la pression médiatique. Après, je suis plus stressé de perdre une saison, c’est clair. Mais ça fait partie du job. De la même manière qu’il y a du stress, il y a aussi de l’excitation qui va avec. C’est un peu le problème et le charme du métier. Sur une partie, tu es stressé, si tu as perdu, c’est la pire journée de ta vie, si tu gagnes, t’es champion du monde. Le reste de ton week-end est très dépendant du résultat de ta semaine.

Ce que j’ai essayé de faire cette année c’est de me détacher des réseaux sociaux et du public. J’ai également essayé de me trouver une routine personnelle qui me permet de me détacher un peu. Je fais du sport, j’ai une ou deux activités en dehors du jeu. En ayant une activité assez cadrée, en sortant le week-end et en allant voir des amis à Berlin, je pense que c’est comme ça que je gère le stress au quotidien.

J’aimerais m’éloigner de Splyce et de Duke et te poser des questions sur l’aspiration de certaines personnes à vouloir devenir coach. Que doit faire une personne si elle veut se lancer ? Quelles sont les compétences à avoir et les actions qu’elle doit mettre en place pour arriver aux yeux d’une équipe et être là où tu es aujourd’hui ?

Tu ne prouveras jamais à personne que tu es un bon coach esport d’un point de vue humain si tu ne connais pas la personne à qui tu parles, ou alors il te faut un CV très spécifique avec une expérience de 5 ans dans le foot par exemple. Donc de ce côté-là, c’est très compliqué. Tu as le réseau qui est encore trop important je trouve et ce n’est pas forcément facile à obtenir.

Je parle des coaches mais c’est vrai dans tout le milieu de l’esport. C’est vraiment une scène qui s’entretient de ce côté-là, puis c’est aussi comme ça en dehors de l’esport, le réseau joue toujours un grand rôle dans ce que tu veux être.

Si ces deux aspects sont difficiles à obtenir pour un nouveau coach esport, l’autre angle à prendre c’est la connaissance de jeu. Il faut prouver que tu es à la fois quelqu’un de sociable, arriver à tenir une discussion et être quelqu’un de solide. Ce qui n’est pas si courant dans l’esport. Comment montrer que tu as une connaissance de jeu ? Déjà, ça ne court pas les rues. Quand tu vois les CV de personnes qui veulent des postes assistants-coachs ou analystes, même s’ils se donnent du mal, c’est très rare d’avoir des personnes sérieuses que tu pourrais avoir à haut niveau.

Si tu as une bonne connaissance de jeu, travaille là-dessus. Lis tous les sujets possibles, suis les mecs qui sont bons, essaye de comprendre ce qu’ils racontent quand ils font du contenu et produis le tien. Ça n’aura aucun intérêt d’un point de vue financier, mais pour ton CV, c’est important.

Avant mon recrutement au PSG, j’avais fait une vidéo sur une draft de Fnatic et Yellowstar, ça l’avait intéressé. Je lui avais envoyée et il m’a dit qu’il avait trouvé ça pas mal. Aujourd’hui, si je la regarde, je la trouve bien naze, mais à l’époque, ça avait fait la différence par rapport à d’autres.

Se créer une vitrine au travers d’un contenu, c’est intéressant car quand tu vas postuler, tu vas l’envoyer. Le recruteur ne pourra pas savoir si tu es bon sans ce support finalement. Tout le monde peut se dire être un bon coach esport et dire que tel joueur a 24% des golds de son équipe alors qu’il a 28% des dégâts. Mais personne n’en a rien à foutre.

Mais si tu montres que tu analyses des games, pour le recruteur, c’est facile à regarder. En 3mn, il va voir si tu sais de quoi tu parles. Il faut avoir une vitrine de contenus. J’ai écrit pas mal d’articles, j’ai fait pas mal de vidéos de qualités très diverses, mais petit à petit tu t’améliores. Tu fais des vidéos plus abouties, comme celles que je faisais en anglais. Elles n’ont eu aucun succès sur YouTube mais ce n’était pas l’objectif. Par contre, je me suis fait pas mal de contacts. L’une d’elles a été sur la première page de Reddit. Des gens du milieu m’ont suivi après ça. C’est comme ça que tu peux te faire ton entrée.

J’ai envie de revenir en profondeur là-dessus. Tu as créé du contenu intéressant qui t’as mis en avant. Plus globalement, tu penses qu’il puisse y avoir un jour une passation des compétences en termes de coaching ? Aujourd’hui, la barrière est assez opaque entre les coach esport établis et ceux qui aimeraient le devenir parce qu’ils ont très peu d’accès à l’information, ils ne savent pas forcément dans quelle direction ils doivent aller. Par exemple, tu penses qu’un business de formation puisse être lancé ?

Sujet compliqué, j’y ai déjà pas mal pensé effectivement. Le problème, c’est qu’il y a très peu de gens qui ont les connaissances suffisantes pour le faire. Quand je dis très peu, ça doit être 10 ou 20 en Europe. Dans quelle mesure tu le fais ?

Peter Dun l’a fait chez nous, mais lui, il est là depuis longtemps et il aime partager ses connaissances. Il est assez spécifique car il n’a aucun attrait pour le devant de la scène. Il nous a embauchés en nous disant qu’il allait aussi nous former. J’avais demandé de l’aide à certains coaches à l’époque de ma venue au PSG, mais aucun ne voulait vraiment me parler. Du coup, Yellowstar m’a mis en contact avec Deilor qui a pu m’aider (Deilor est un ancien coach esport très performant chez Fnatic, ndlr).

Quel intérêt ils avaient à le faire sachant que ta seule plus-value c’est ton expérience et ce que tu sais ? Justement, tu as plutôt intérêt que les postulants soient le plus mauvais possible. C’est quasiment impossible d’avoir la connaissance nécessaire sans avoir ces mêmes coaches qui te la transmettent dans ce milieu. La trouver tout seul, à moins de gravir lentement tous les échelons, ça va être très dur.

J’ai eu de la chance de bosser avec Yellowstar en termes de connaissances de jeu et de prise de décision. Et puis Peter Dun, d’un point de vue technique, c’est ce qui se fait de mieux en occident. Ça a littéralement accéléré mon apprentissage.

Si demain tu devais me demander de transmettre mon expérience, ma réponse serait non parce que je n’ai pas d’intérêt à le faire. Dans mes vidéos, je le fais déjà plus ou moins. Si tu comprends vraiment le fond, c’est exactement le type de commentaires que tu peux indiquer à l’issue d’un match. Ma dernière vidéo peut  vraiment aider certaines personnes à comprendre tout ça. Après ce sont des aspects du jeu assez isolés.

La formation pure, j’y pense. Je travaille beaucoup via des documents donc j’ai créé pas mal de supports qui pourraient servir dans des cours. Mais la seule motivation actuelle que j’aurais serait financière. Ça risque d’être très cher vu les salaires qu’on commence à avoir en LCS. Mais si je le fais, ça serait sur une ou deux semaines durant l’intersaison. Je proposerais 10 sessions où je leur montre plein d’aspects et concepts du jeu avec une grosse théorie et des exemples en vidéo.

J’aimerais revenir à toi, ta façon d’appréhender ta communication. Tu avais l’habitude d’avoir un avis assez tranché et réfléchi sur différents sujets, sur lesquels tu t’expliquais sur Twitter. Aujourd’hui, tu t’es pas mal retiré de ces plateformes. J’imagine que tu souhaites t’éloigner de tous les commentaires qu’on a pu te faire. Est-ce que tes sorties, qui ont peut-être parfois été mal interprétées, ont pu te porter préjudice dans ta carrière de coach esport ? D’ailleurs, que dirais-tu aux aspirants coaches qui veulent exploiter les réseaux sociaux pour leur visibilité ?

On peut parler de mes dérapages. Quand j’ai dit que la communauté c’était des attardés et des déscolarisés, ça ne m’a pas porté préjudice, mais ça m’a donné une pression supplémentaire à assumer. C’était d’autant plus dur à gérer avec la pression que j’avais au PSG. C’est en partie la raison pour laquelle j’ai arrêté de discuter sur ces plateformes. Mais je pense que j’ai surtout mûri.

Moi-même, j’ai moins d’avis tranchés tout noir ou tout blanc comme avant. Et puis, je pense que j’ai surtout appris à me servir des réseaux sociaux. Je suis arrivé dans l’esport il y a 3 ans. Au départ, pendant 6 mois, je n’étais personne sur Twitter quand j’ai commencé chez Millenium. Ensuite, j’ai fait un an chez O’Gaming pour passer directement coach esport du PSG. Sachant que je n’avais pas de compte twitter avant tout ça, je l’ai toujours un peu découvert et j’ai toujours donné mon avis directement.

J’aime bien discuter. Le problème, c’est que j’avais tendance à répondre à tout le monde. Quand je vois des gens qui disent des conneries ou même quand je ne suis simplement pas d’accord avec eux, j’avais tendance à répondre et m’engager dans des discussions à n’en plus finir. Tu commences à me répondre, moi je vais te faire 20 réponses d’affilées et je ne lâcherai pas l’affaire.

Là j’ai arrêté. Ça m’arrive de temps en temps de discuter sur un sujet, mais disons que j’ai perdu toute foi dans le public. Si quelqu’un se plante ou dit une connerie selon moi, je n’ai plus aucun intérêt à prouver que j’ai raison. Ce qui était mon problème avant. Maintenant, je me dis juste que la personne ne sait pas de quoi elle parle et tant pis. Je suis moins exposé à la scène aussi, et ça ne m’intéresse plus du tout.

Je n’ai rien à y gagner pour ma carrière. Je ne serai jamais un influenceur sur la scène française parce que je n’ai pas la personnalité pour. L’esport à la française est très spécial. Il faut être plus un animateur car la communauté se fiche d’un expert. Il est juste là pour se faire critiquer. En France, le vrai expert, ça doit être le public et personne d’autre. On a surtout besoin d’animateur, et c’est quelque chose que je ne serai jamais. D’un point de vue professionnel, je n’ai rien à y gagner. Il n’y a pas d’argent dans l’esport en France. Tout passe dans le divertissement. Les moyens alloués aux équipes sont divisés par 4 ou 5 par rapport à l’international.

Ça ne m’empêche pas  d’interagir de temps en temps quand la conversation est intéressante. Il n’y a pas longtemps, je parlais d’un sujet sur l’esport et le divertissement. Zerator m’a répondu pour me dire qu’il n’était pas d’accord avec moi. Je serai parti au quart de tour à l’époque. Mais quel intérêt j’aurais à le faire ? De toutes les façons, il va gagner au plébiscite sur twitter. A part me faire encore quelques ennemis, ça n’aurait servi à rien.

Pour un coach esport qui voudrait utiliser les réseaux sociaux, ce que je lui dirais, c’est de se définir un rôle. Ça peut être rentable en termes de popularité. Il faut comprendre comment tu peux t’amuser avec ça. Je pense par exemple à Yamatocannon qu’on critique pas mal en France, moi aussi d’ailleurs, notamment pour son image et sa façon de jouer avec. À côté de ça, c’est un mec qui est très bon là-dedans, car en vrai, il n’est pas forcément comme ça. On fait quand même partie d’un show dans l’esport, du coup, essayer d’avoir une communication qui te permet de te créer une image, ça peut être intéressant.

Je pense que ça vient avec le temps et je pense que ce n’est clairement pas là-dessus qu’il faut commencer. Quand tu débutes, tu fais profil bas et tu fais tes preuves. Après quand tu commences à avoir un peu d’expositions, tu essaies de faire des déclarations un peu piquantes de temps en temps. Après, si tu veux trash talk tu peux, mais c’est risqué. Il faut dissocier ton image publique, comme le ferait un Yamatocannon. Moi je répondais directement aux gens, alors qu’il faut un peu les ignorer et peser chaque mot.

J’appréciais pas mal tes sorties parce qu’elles avaient le mérite de faire réfléchir la communauté et d’exposer certaines vérités, chose qu’on voit trop peu, notamment en France.

Oui, moi aussi ça me plaisait, mais ce n’est pas rentable pour moi. Quand tu fais ça, tu as forcément des gens qui ne sont pas d’accord. J’étais très rarement dans le courant dominant notamment dans l’esport français, car pour moi, c’était une vaste escroquerie.

Forcément, certaines personnes connues pouvaient se sentir agressées. Ils savent qu’ils sont la cible de ce genre de commentaires car leur business tourne autour de ça. Pour revenir à la réponse de Zerator, je critiquais la tournure de LoL en France. Lui, disait qu’on ne faisait pas assez d’événements influenceurs et moi je répondais que c’était absurde car ce n’est que ça depuis des années. Il n’est pas d’accord, mais la réalité, c’est juste qu’il est déçu qu’on n’ait pas développé un business qui lui soit encore plus propice.

  Brosak :" Weareesport veut recevoir la communauté et le grand public".

Que ce soit Zerator ou d’autres, c’est pour tout le monde pareil. Le problème c’est que derrière toutes ces conversations, tu vois toujours l’intérêt de la personne qui t’en parle. Moi, c’est ça qui me gêne. Si tu blesses un intérêt, tu le vois en tant que personne, mais tu ne peux pas en parler publiquement car c’est trop dangereux. Du coup, tu te retrouves à te faire assaillir par des fans. Ça ne m’apportait rien excepté la reconnaissance de personnes comme toi. Et même si je te remercie, disons que c’est beaucoup d’ennuis pour pas grand-chose.

Ce n’est pas pour autant que je me tairais à jamais mais c’est trop fatiguant. Un mec comme Zaboutine, je n’approuve pas toujours ce qu’il dit sur les réseaux sociaux, mais il est meilleur dans son approche. Il va faire une déclaration et il ne va pas chercher à s’expliquer. Des fois, il sort des conneries, des fois il te fait marrer, des fois tu te dis « ah ouais, c’est bien vu ». Peu importe les réponses, il va très rarement s’expliquer. C’est ça qu’il faut réussir à faire. Moi je n’y arrive pas, si un mec me challenge, je ne vais pas le lâcher.

Le métier de coach esport va évoluer. Des gens comme toi ou Zaboutine aux USA chez Optic Gaming, vous façonnez le métier de coach. Qu’est-ce que tu aimerais changer à ce métier et de quelle manière tu aimerais travailler plus tard ?

J’aimerais avoir plus d’outils pour customiser mes entrainements.

Un appel du pied pour les éditeurs que tu nous fais là.

C’est propre aux jeux. Après ce qui me gêne un peu plus c’est l’aspect calendrier. Je trouve ça très dur quand tu vieillis de faire ce travail. C’est possible pour des mecs de 20-23 ans comme mes joueurs de faire ça h24 et de vivre à l’étranger. C’est un peu comme si tu étais dans une école en pensionnat. Quand tu as 26 ans pour moi, Zaboutine va en avoir 30, tu vis à l’étranger et de Janvier à Août, tu ne fais que ça. Tu es dans une ville que tu ne connais pas, avec des gens que tu ne connais pas, tu es loin de ta famille et de tes amis, c’est un peu dur. Si la première partie de saison commençait en septembre et finissait fin novembre, tu as un summer split de février à Avril et les Worlds en Juin et Juillet. Tu as au moins l’été, c’est correct. Ça serait un bon changement pour que tu puisses couper et avoir une vie à peu près normale.

C’est très difficile de faire la distinction entre ta vie et ton travail. Il y a un côté travail plaisir, ce qui n’est pas vraiment le cas même si c’est comme ça que les gens le voient. Il y a aussi de la performance à réussir tout le temps. Quand les staffs vont être plus étoffés et sérieux, ça sera aussi un grand pas. Par exemple, un bon analyste, c’est impossible à trouver. On trouve que des personnes qui débutent et qui n’ont aucune connaissance du jeu donc elles n’apportent pas grand-chose. Globalement, ce sont des stagiaires en fait.

Il existe de bons analystes comme celui de Fnatic, mais il y en a très peu. Ce qu’il faut, ce sont des personnes capables de soulager ta charge de travail et t’offrir un condensé d’informations utiles sur la table.

Le fait de développer des staffs compétents et complémentaires est important. C’est surtout le changement de rythme qui va être important. Peut-être aussi un travail sur la compréhension de la communauté pour qu’elle puisse vraiment comprendre le jeu et créer de réelles discussions.

Contrairement au foot, on a un jeu plus complexe. Il faut réussir à intéresser les gens au-delà du résultat. Il y a un fossé entre les discussions qu’on peut avoir dans l’équipe et celles que tu peux avoir avec ton audience. Il faut espérer qu’un jour, les gens s’intéressent plus au contenu technique. Pour ça, il faudrait en produire plus, mais je n’y crois pas trop car ce n’est pas rentable, surtout en France.

Le parallèle que tu fais avec le foot est hyper intéressant. Un coach avec 20 ans d’expérience dans le foot, pour lui les stratégies ne vont pas fondamentalement changer, alors que dans l’esport, avec un jeu comme LoL et des patchs mensuels, il faut perpétuellement se renouveler. Peut-on rester bon longtemps ? Un entraineur comme Zidane sera excellent jusqu’à la fin de sa carrière, alors que sur LoL, un coach esport peut être dépassé du jour au lendemain.

Je ne pense pas. Le jeu est assez figé. La compréhension de jeu global ne dépend pas de la méta. C’est plutôt ton adaptation au jour le jour sur les stratégies les plus optimales qui sera importante.

Oui, il va falloir te réactualiser mais c’est assez différent. Comprendre LoL, c’est tellement complexe. Il faudrait que je donne des cours pour faire comprendre aux gens ce dont je suis en train de parler.

Une fois que tu as compris le jeu, c’est le principal, après tu peux toujours affiner tes stratégies. Un vieux coach qui a perdu l’habitude de se retaper 10 replays par jour, qui a une vie en dehors, qui a 30 ans, qui a une famille et des enfants, il lui faut peut-être des mecs qui vont regarder ces 10 parties à sa place et lui faire un résumé complet et intéressant. Ça lui ferait gagner du temps et ça lui donnerait les informations dont il a besoin pour faire marcher son cerveau. Une fois que tu connais le jeu, à peu de choses près, sauf si tu arrêtes 2-3 ans, tu n’as aucun problème.

Ça rejoint pas mal ce que me disait Romain Bigeard lors d’une récente interview. Il m’expliquait son rythme de vie. Il travaille tout le temps. Il ne fait aucune distinction entre vie professionnelle et vie personnelle. A mon sens, c’est un vrai problème pour beaucoup de gens car vos rythmes sont très durs à tenir.

J’aimerais revenir sur un sujet récent qui est l’arrivée des coaches durant la phase de pick et ban en LCS NA. Ça a beaucoup fait parler la communauté, et ça amène un lot de questions hyper intéressantes. Quel est ton avis là-dessus ? Il me semble que tu as évoqué des choses sur twitter à ce sujet.

Je ne pense pas que ça soit très utile. Enfin, si, ça peut l’être pour certains coachings staff, mais dans quelle mesure tu as intérêt à ce qu’il y ait de meilleurs draft ? En quoi la performance du coach on-stage ne fait pas partie du jeu ? De la même manière que d’avoir un coach derrière chaque joueur qui va lui dire ce qu’il va se passer sur la minimap, mais est-ce que ça ne fait pas partie de la compétence d’un joueur elle aussi ?

Je pense que ça aide des coaches qui ne sont pas bons là-dedans. Ce n’est pas pour autant que c’est une compétence que je valorise. La gestion d’une draft, c’est limite ce que je valorise le moins pour un coach. On va dire que c’est ce qu’il y a de plus facile à apprendre pour un coach qui n’a pas beaucoup d’expériences.

Le plus dur est de savoir vraiment coach et de comprendre le jeu, ce qui est assez différent de la draft. C’est d’ailleurs le seul aspect performance qu’on remarque. C’est possible qu’un mec soit bon en draft et ne soit pas bon en coaching et inversement. Mais dans ce cas-là, est-ce qu’il n’aurait pas plus intérêt à ne pas draft sur scène et laisser un mec bon là-dessus le faire à sa place ?

Ça ne m’étonne pas que ça vienne des NA d’ailleurs. On assiste à des coaches qui ne sont pas bons, en tout cas, en phase de draft. Ils ne veulent juste pas lâcher l’affaire. C’est leur seul moyen d’exister sur scène. Plusieurs commencent à être viré, mais ce sont des anciens coaches, ils étaient là depuis le début, mais dans les faits, on ne sait pas s’ils sont vraiment bon. Ils demandent à d’autres de faire leur boulot à leur place.

Le 2ème point qui me gêne énormément rejoint la communauté qui critique la draft. Même si elle se plante dans 90% du temps, le fait qu’elle puisse critiquer la draft, et donc le coach esport, c’est intéressant parce qu’à partir du moment où tu dis « ouais vous avez perdu cette game à cause de la draft, elle était nulle », c’est probablement faux, mais il s’avère qu’ils ont quand même perdu la partie.

Peut-être que ce n’est pas dépendant du coach, mais en général, quelque chose s’est mal passé indirectement. C’est le seul moyen pour la communauté de faire pression sur l’équipe en critiquant la draft même s’ils ne se rendent pas compte qu’ils critiquent autre chose. Au moins, là, il y a une responsabilité du coach. Même si j’essaie de m’en détacher, c’est important qu’il y ait une critique possible de l’extérieur envers les coaches notamment à cause du copinage.

C’est très dur de faire un turnover. Tu ne peux pas les critiquer et si en plus le seul truc qui te permet de le faire, même à tort, tu l’enlèves, et bien la responsabilité est diluée. Il n’y a donc plus moyen pour le public de critiquer un coach que ça soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Nous n’aurions plus aucune pression extérieure, et ça c’est mauvais.

D’un point de vue du coach esport, c’est bien, ça lui donne une protection mais je pense que d’un point de vue global, ce n’est pas forcément bon qu’il soit inattaquable. Ça me ferait plaisir d’être impossible à attaquer, mais par contre, imaginons que je veuille monter en grade et que je sois un assistant coach de TSM, si mon coach principal est nul à chier, on peut me dire « écoute, ce qu’on va faire, c’est que tu vas monter sur scène avec lui, tu vas l’aider pendant la draft mais par contre, n’oublie pas que la caméra ne sera jamais sur toi, personne ne prêtera jamais attention à toi et tu ne vas jamais avoir le Spotlight sur toi ». En fin d’année, on va faire les comptes, tu auras fait du bon boulot donc il n’y a aucune raison qu’on change de système et que tu prennes la place du coach.

En fait, ça permet juste de sécuriser les anciens qui n’étaient pas bons au détriment des mecs qui montent et qui vont simplement servir de soutien, donc pour moi, c’est une connerie. Moi qui veux monter, je trouve que s’il y a des mecs mauvais, ils sortent et ils laissent la place. Ça revient à ce que je disais tout à l’heure quand sur les réseaux sociaux, je te donne un point de vue qui m’avantage même s’il est juste pour moi, il est influencé par ma position.

Duke-coach-splyce

Duke évoluant sous la bannière Splyce en LCS EU. Crédits : Lol esports

On prend le vol retour et on revient en Europe pour l’arrivée des franchises. Quel est ton point de vue là-dessus et est-ce que ça peut changer quelque chose sur le coaching ? On peut par exemple se donner plus le droit à l’erreur.

On voit bien que non, en NA, ça n’a rien changé. Ils se font tous virer. Il n’y a pas lieu qu’il y ait de la sécurité. C’est un métier compétitif.  On l’a choisi pour le meilleur et pour le pire. Tu ne peux pas t’attendre à rester en sécurité comme à la mairie de Paris. Si tu n’es pas bon, les mecs te virent, ça fait partie du jeu. Ce que ça va apporter, c’est surtout plus d’argent, des staffs plus étoffés et comme je te disais tout à l’heure, peut-être une meilleure qualité de travail et de vie, moi, c’est ça que j’attends.

Sur le côté sécuritaire, je rebondissais sur ce que pouvait évoquer Romain ou Zaboutine au niveau d’Optic Gaming. Effectivement, la position de coach esport n’est pas sécurisée, mais le droit à l’erreur est possible.

C’est le discours qu’ils ont chez Optic Gaming mais ils n’ont peut-être pas les mêmes ambitions que ceux qui ont viré leur coach récemment. Ils se font confiance sur le long terme. Ça dépend de leur posture, mais on voit bien qu’elle n’est pas partagée. Je les connais bien, c’est comme quand je te parle des coaches NA qui ne font pas de bonnes drafts et qui cherchent des solutions, ils essaient de trouver une échappatoire en termes de responsabilité donc ils font venir un coach sur scène. Ce n’est pas du tout le problème de Zaboutine, en terme de draft, il est même très bon je trouve. C’est d’ailleurs l’une des forces principales de l’équipe. Ce que t’expliquait Romain, c’est quand même très spécifique à eux. C’est littéralement l’inverse ailleurs puisque 4-5 coaches se sont fait virer en un seul split. Ça n’a jamais été aussi élevé de toute l’histoire.

Tu souhaiterais rajouter quelque chose sur le métier de coach esport ?

Je pense qu’on a fait pas mal le tour !

Merci à toi Duke !

separateur rose esport insights

L’interview se termine ici ! J’espère que vous l’avez apprécié.

Elle révèle d’innombrables aspects du métier de coach esport. Que ce soit sur League of Legends ou d’autres jeux, le très haut niveau requiert un sérieux et une discipline impériale si vous voulez vous faire une place, car elles sont très chères.

Si vous n’avez pas la chance d’avoir un réseau construit au sein de l’écosystème pour vous propulser là où vous voulez être, inspirez-vous de la pugnacité de Duke face à l’Europe. Il ne connaissait personne et pourtant, il a su trouver le chemin qui l’a emmené dans la plus grande compétition esport du continent.

Créez du contenu autour de vos compétences clés. Que ce soit sur la compréhension macro d’un jeu, l’humain ou même la psychologie, prouvez que vous pouvez apporter de la valeur en tant que coach. Tout simplement, rendez-vous visible.

Provoquez la chance en partant à la rencontre de ceux qui pourraient vous aider une fois que vous vous sentez prêt.

Mais attention si vous y arrivez un jour. Devenir coach esport et entrer dans la cour des grands ne signifie pas que vous avez gagné. Le plus dur est à venir. Vous devrez perpétuellement faire vos preuves dans toutes les facettes du coaching.

Tous les joueurs avec lesquels vous travaillerez seront différents. À l’instar de Duke, ce sera à vous de vous adapter et rester pertinent dans votre approche, car le jour où vous faites l’erreur de trop, vous perdrez la seule chose qui importe pour mener à bien votre carrière : la confiance de vos joueurs.

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