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L’expérience de la LAN : Une plongée au cœur de l’esport

Par Lenaic Leroy
L'expérience de la LAN

Il n’y a rien de plus esport que de vivre l’expérience d’une LAN. Que l’on soit un joueur, un journaliste ou un simple visiteur, la LAN est le rendez-vous incontournable des mondains de la planète esport.

Je vous ai déjà souvent parlé des LAN, leur évolution ainsi que leurs travers. Aujourd’hui, je m’intéresse à quelque chose de plus profond et qui nous concerne à un tout autre niveau.

Vivre une LAN, c’est une expérience sensible, qui se décrit par des sensations, des émotions, des souvenirs vécus. Pour la première fois, nous allons parler de l’esport sous un autre prisme que celui de l’argent, au profit de la mémoire.

Pour réaliser mon expérience, j’ai franchi le pas de deux événements français de ce début d’année 2019 : la Lyon e-Sport et la Gaming Winterfest de Melun.

Mon objectif est simple. Je me suis arrêté, face à la scène et aux différents matchs, afin de m’intéresser à l’environnement d’une LAN dans les faits. Loin des statistiques des organisateurs, du nombre de visiteurs, se trouvent l’expérience sensible, le bruit, les odeurs, les jeux de lumière, le mouvement de la foule, les joueurs qui crient leurs victoires comme leur défaites.

Je veux prendre un moment avec vous pour évoquer ce que veut dire la LAN, une fois notre approche recentrée sur l’individu et son vécu. Cette approche comprend bien des limites, mais aussi de très nombreuses aspérités, invisibles à notre approche souvent trop large du phénomène.

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L’expérience sensible, une proposition déjà explorée

Tout d’abord, j’aimerais vous donner un aperçu de ce que peut représenter l’exercice qui va suivre.

L’idée ne vient pas de moi, mais de différents auteurs qui ont généralement marqué mon approche de l’esport. Il me semble important de vous donner un bref aperçu de ma démarche qui est encore assez marginale dans l’appréhension du phénomène esportif.

Le premier d’entre eux, un homme dont le nom ne parlera probablement qu’aux plus historiens d’entre vous : Carlo Ginzburg.

Le travail de Carlo Ginzburg a de particulier qu’il s’appuie sur des sources écrites relatives à un meunier italien, dont la vie nous permet d’apprendre beaucoup sur la société de son temps.

Jugé par l’inquisition et condamné à mort pour avoir proposé une autre façon d’appréhender la société, Menochio le meunier nous donne énormément à savoir sur la société du Frioul au XVIe siècle, les normes et la marginalité, les rapports à la hiérarchie et au livre.

Pour rester dans le filon des travaux historiques, il me semble important de vous faire une brève présentation de l’histoire des sensibilités, aujourd’hui au cœur de mon intrigue.

L’histoire des sensibilités, comme son nom l’indique, s’intéresse à l’univers des sens, du sentiment, un champ d’étude très large exploité par différents auteurs, Michel Foucault ou Norbert Elias étant déjà proches de celui-ci.

Le plus parlant d’entre tous, Alain Corbin, a proposé diverses réflexions sur notre relation durant l’histoire aux odeurs, au son, à la mer ou plus récemment à l’herbe.

Vous l’aurez compris, le lien entre ces auteurs, c’est l’apport majeur que ceux-ci ont apporté à notre appréhension du monde sensible.

J’en viens à l’esport avec un dernier nom qui doit plus vous parler : T.L Taylor.

Sociologue américaine, spécialisée dans la recherche sur la culture du jeu vidéo, elle a depuis plusieurs années, influencé et apporté beaucoup à l’étude des pratiques communautaires en ligne et compétitives.

Ses travaux sur l’esport sont fondateurs pour beaucoup de chercheurs actuels et bien que je ne possède pas cette qualité, je les rejoins en tout point.

T.L Taylor dans ses recherches pour son livre: Raising The Stake, a visité de nombreux événements compétitifs dans les années 2000, mais aussi différentes entreprises endémiques du secteur.

Je m’arrête en particulier sur le cas Raising the Stake, car celle-ci fait partie de mes récentes lectures. Dans cet ouvrage, plusieurs passages pourraient être, à l’image de l’histoire des sensibilités dont je vous parlais, une source capitale dans notre appréhension du phénomène esport.

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Durant la Lyon e-Sport, deux scènes ont été installées pour que les membres de Solary et Lunary animent l’espace visiteur et rencontre leur fans.

T.L Taylor se définit elle-même comme une observatrice extérieure du phénomène au moment où elle rédige son ouvrage et, régulièrement, elle décrit et rapporte différents événements auxquels elle a eu la possibilité d’assister.

Son expérience sensible, bien que connotée par son travail de recherche universitaire, nous apporte énormément de connaissances sur les pratiques des joueurs, l’organisation des événements, l’approche du jeu, à une époque ou très peu de personnes ont pris la peine de relayer ce genre de témoignages.

En faisant la lecture de Raising the Stake, il est désormais possible, dans une certaine mesure, de replonger dans l’esport d’il y a 10 ans, de redécouvrir les LAN d’une époque aujourd’hui révolue.

 

T.L Taylor n’est pas associée au courant de l’histoire des sensibilités, pour autant, son travail serait une source d’une incroyable valeur pour quiconque voudrait se pencher sur cette période.

Je me rends compte en écrivant ces lignes, que le cheminement jusqu’à cet article est assez long et complexe, qu’il passe par de nombreuses lectures, mais qui, je l’espère, vous permettra d’appréhender avec plus d’aisance le contenu qui va suivre.

Nous arrivons en effet au plat de résistance, à la raison pour laquelle vous avez déjà lu tous ces mots.

Raconter une LAN comme un témoignage

De la même manière que T.L Taylor, je vous propose de vivre un événement de l’intérieur. Au début de cette année 2019, j’ai eu l’opportunité de participer à la Lyon e-Sport ainsi qu’à la Gaming Winterfest de Melun.

Durant ces deux événements, j’avais déjà en tête la rédaction de cet article ainsi que les besoins nécessaires à sa réalisation.

Je n’en suis pas à ma première LAN, et certaines choses me semblent tout à fait normales, tandis que pour un novice, ces même choses pourraient être sources d’étonnement.

C’est d’ailleurs là, une des limites de cet article.

Bien que j’ai essayé avec le plus de discernement possible, de rendre compte de toutes mes annotations sur ces deux événements, il m’est impossible de vous assurer que le contenu qui va suivre est une reproduction fidèle des événements décrits.

Il ne s’agit probablement pas non plus d’une véritable reproduction de ce que j’ai moi-même perçu à l’instant présent, mais seulement le résultat de mes annotations.

De fait, il existe beaucoup de limites à mon expérience bien que celle-ci soit intéressante dans la mesure où elle permet d’être au plus près de la pratique et surtout du rôle du spectateur.

En surpassant la masse, au milieu des millions de dollars d’investissements, des millions de spectateurs des grands rendez-vous, des centaines d’heures de performances à chaque compétition, il est possible de faire taire l’anonymat du plus grand nombre.

En appréhendant la pratique sous le prisme de l’individu, le spectateur n’est plus un chiffre dénué de sens dans un ensemble, il peut être une information évocatrice, même lorsqu’il s’agit d’un cas atypique, car il nous ouvre un champ du possible encore inconnu.

Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de faire un suivi complet de match durant la Lyon e-Sport, le récit qui suit va donc être principalement centré sur la grande finale de la Gaming Winterfest de Melun sur Heroes of the Storm.

La compétition avait lieu du 2 au 3 mars 2019 à l’Escale de Melun. Durant cette rencontre, 12 équipes ont débattu pour remporter la victoire, le tout dans un calme presque religieux puisque l’événement était principalement composé des différents participants, les spectateurs étant peu nombreux.

La finale dont vous allez être les témoins, a été jouée le dimanche après-midi vers 15h. Durant 2 heures, les joueurs de LF Sponsor se sont confrontés à ceux de Menthe Esport lors d’un BO5 plein de rebondissements.

La rencontre s’est jouée sur scène devant les derniers joueurs présents comme public. Au commentaire, le personnage le plus influent de la scène Heroes of the Storm française : Malganyr.

Je n’épiloguerai pas plus que le contexte, cela viendrait vous spoiler le témoignage. Il est temps désormais de vous conter mon histoire.

Finale de la Gaming Winterfest de Melun

J’attendais avec impatience la Gaming Winterfest de Melun. Pas parce que cet événement représente quelque chose de particulier en ce qui me concerne, mais parce qu’il s’agissait de ma première LAN sur Heroes of the Storm.

Avoir l’occasion de suivre un jeu parce qu’il m’intéressait était une expérience que j’attendais et dont j’avais été jusqu’ici privé.

L’événement était de petite envergure, ce qui était aussi une première. Mon accréditation de presse me donnait accès à tout l’événement et, en demandant à l’organisation, il m’était même possible de faire de temps à autre un saut sur la grande scène.

La disposition de la salle était d’ailleurs assez surprenante et créative puisque l’Escale est avant tout une salle de spectacle. Les gradins peuvent être rangés en une seule et même rangée, sur laquelle l’équipe technique était installée.

Sur les côtés, deux rangs de gradins, équipés de téléviseurs, permettaient aux visiteurs et à tous ceux qui voulaient prendre un instant de se reposer et de regarder la compétition.

Tout le long du week-end, mon activité se résumait à des allers-retours dans la zone joueurs. Ponctuée par différents échanges avec les participants et quelques photos des joueurs, mon activité principale s’approchait beaucoup de celle d’un spectateur lambda.

Installé dans les gradins, je restais face à l’écran de diffusion du stream de Malganyr. Celui-ci n’était pas au cast durant le week-end, car il participait avec l’équipe Dignitâche à la compétition.

Kappa vainqueur de la Gaming Winterfest Melun Trackmania
Sur la scène de la finale Trachmania, Kappa, champion du monde en titre de Trackmania a défendu son honneur et remporté la première place, deux ans après l’obtention de son premier titre !

La grande finale a suivi celle sur Trackmania, alors que toutes les compétitions touchaient à leur fin. Malheureusement pour les amateurs de voiture, l’engouement pour leur compétition ne se limitait qu’aux joueurs présents sur scène, une rediffusion silencieuse d’un match pourtant mis en scène à l’aide de lumières verte.

Au-devant de la scène, l’espace réservé la veille encore par la compétition Super Smash Bros Ultimate était devenu une viewing party composée de 4 ou 5 canapés.

Petit à petit, les intéressés se sont rassemblés, amenant quelques chaises supplémentaires. La vue n’était pas très bonne, d’autant plus qu’un paravent avait été installé entre les deux équipes pour éviter tout soupçon de triche. Celui-ci coupait la scène en deux et, de fait, l’écran de diffusion par la même occasion.

Les joueurs avaient pris place sur scène et procédaient à quelques réglages et échangeaient avec les membres de l’équipe technique le temps que le match commence. Campé sur un coin de la scène, j’attendais impatiemment que la rencontre débute pour prendre un bon cliché des participants.

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Alors que Malganyr prenait la parole pour ouvrir la dernière rencontre, je ne me sentais pas à mon aise, la lumière violette des spots ne me convenait pas. Le choc des couleurs très froides sur scène et des néons jaunes de la salle, on rendu la plupart de mes clichés inutilisables, l’ouverture de mon objectif étant déjà trop faible pour ce genre de capture.

Les joueurs ont échangé quelques mots sur la scène, une rapide provocation amicale pour marquer le fait compétitif. La mise en scène était très classique, à l’image d’une rencontre de boxe ou de catch, même si les joueurs sont bons amis, il est important de faire valoir sa domination sur l’autre.

Une fois l’introduction du match terminée, j’ai rejoint le public avec Xeryus pour suivre le match. Je ne voulais pas rater une miette de l’action à venir.

Sans plus attendre, les joueurs choisissent la carte et débutent la draft. Malganyr au commentaire, accompagné par Durandir, prend en charge l’analyse de la phase de draft. Celle-ci ne méritait pas de grands débats, plutôt classiques, à l’image du reste de la compétition.

Quitte à retenir un personnage phare, un nom me vient à l’esprit, celui d’Arthas dont la puissance en première ligne a largement défini l’issue des matchs de cette Gaming Winterfest.

La première partie commençait alors, les joueurs attroupés devant les portes des Tours du destin, attendait la fin du décompte pour en découdre. Dans le public, le cri des fans accompagnait le chronomètre jusqu’au démarrage de la partie. Ce décompte presque symbolique a été suivi de quelques applaudissements, des encouragements pour ceux qui allaient en découdre pour obtenir le titre de champion.

Les voix des commentateurs résonnaient dans les hauts-parleurs de l’Escale sur couvert d’un fond sonore du jeu. Quelques discussions sur les actions venaient perturber de temps à autre un calme assez pesant dans la salle ; il était déjà tard et la majorité des participants avait déjà quitté l’événement.

Nous n’avons pas eu la chance de nous mettre véritablement dans l’action, le match avait directement été mis en pause. Problème technique, une coutume dès qu’il s’agit d’un match sur scène. Il s’agit pour les caster, Malganyr et Durandir de combler ce vide de plusieurs minutes à l’aide d’analyse et de discussions sur les équipes.

Dans l’ensemble, le public est totalement décroché du match, les discussions commencent à affluer dans notre petit groupe sur la draft, mais aussi sur des événements du week-end. Malganyr avait bien tenté une blague acidulée, reçue avec le sourire, hué par une partie de ceux qui sont visés par la taquinerie, le public restait très distant du match.

Une certaine complicité était palpable entre les membres du public principalement composé de joueurs. La plupart débattaient du choix de talent d’un des joueurs. Je tendais l’oreille, mais c’est une odeur qui a finalement attiré mon attention.

Le fumet est assez épais et embaume toute la pièce. Il vient pourtant de l’entrée de la zone joueur ou un petit groupe d’intéressé semble s’être formé. Mon goût pour ce pêcher mignon me permet très rapidement de comprendre que l’équipe en charge des cuisines cherche à faire partir la dernière fournée de crêpes avant la fin de l’événement.

Les échanges dans le public se multiplient, je ne peux même plus dire de quoi parlait le duo de cast, leur échange était désormais un fond sonore, un élément du décor.

Gaming Winterfest Melun Zone joueurs
La Gaming Winterfest de Melun avait lieu à l’Escale de Melun, salle de spectacle transformée en LAN. L’espace joueur représentait le cœur de l’événement, quelques stands et des ordinateurs étaient à la disposition du public.

Alors qu’il ne se faisait plus attendre, le son du jeu résonnait à nouveau dans les hauts-parleurs. L’image n’était pas encore de retour, mais tout le monde savait que le match venait de reprendre. Les discussions cessèrent très rapidement, le cast reprit la main en un instant, et toutes les oreilles du public se tournèrent à nouveau sur le match.

Au redémarrage de la partie, les joueurs échangèrent quelques : « GL HF » et autres familiarité dans le chat. J’ai toujours apprécié cette franche camaraderie, présente entre certains joueurs et communautés de joueurs.

Je n’ai jamais véritablement pris part à la communauté Heroes of the Storm, trop divisée par des clivages presque politiques, mais j’ai toujours pris plaisir a voir les joueurs dépasser ce genre de relation pour un esprit plus sportif.

Dans la zone joueur, les quelques passants venaient s’ajouter à notre groupe de spectateurs, munis de chaises à l’abandon ci et là, de manière à prendre leur aise et regarder le match.

Le son du jeu était caractérisé par des basses très fortes, qui faisaient trembler les hauts-parleurs. Ce son toujours très spécial est caractéristique des LAN. À chaque échange de coups, les basses intensifient toute l’action et donnent cette impression de climax.

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Ce genre de rapport au son, nous l’avons peut-être un peu perdu avec la numérisation des différents supports audio. Ceux de la génération qui nous précèdent, sont sûrement plus habitués à des caissons de basses qui font trembler les murs, une sensation exceptionnelle que la LAN parvient encore à retranscrire.

Je divaguais sur ma sensibilité à l’environnement sonore que d’un seul coup, le public s’enflamme ! Le premier sang est finalement versé. Enfin, le match prend du sens, les esprits s’échauffent et dès qu’une équipe s’approche trop de l’autre, je vois mes voisins se redresser ou s’affaisser, soutenir leur tête avec leurs mains, d’autres exprimer leur émotion sur l’instant.

Dans une escarmouche, l’action s’emballe très vite. Pour les commentateurs, il devient impératif d’accélérer la cadence pour que le son suive l’image.

Si vous avez déjà eu l’occasion de suivre un match d’une grande intensité, vous avez déjà idée de ce que peut représenter l’exercice. Certains casters particulièrement doué en la matière, n’ont rien à envier au Rap God d’Eminem en terme de rythme.

Le public était à vif, les joueurs aussi, le bruit venant de notre côté de la scène ne cessant pas de rattraper celui des joueurs. Les cri des équipes, les différents calls, sont audibles de tous sauf des joueurs qui portent des casques isolants.

Finalement, le public et le cast laissent résonner un même : “ Ohhhh” à l’unisson lorsque le support de LF Sponsor, Bananah, se fait one shot par les Menthe Esport. On retrouve la même énergie, un agréable étonnement partagé face à une action qui marque la suite de la rencontre.

Malgré un début de match très sport et donc très lent, la rencontre s’emballe au plus grand plaisir des fans. Dans un échange musclé, le carry de LF Sponsor Nesdip se trouve en grand danger. L’ensemble du public était aux aguets, béat devant ce moment de satisfaction que peu de mots peuvent décrire.

Ce sentiment, il est le même que lors d’une chaude nuit d’été, ruinée par la présence incessante d’un moustique qui ne cesse d’attaquer de toute part. Que ce soit sur Ovewatch ou Heroes of the Storm, mettre la main sur Tracer est une satisfaction sans précédent.

Surprise ! D’un revers inattendu, Nesdip vrille, esquive et virevolte au beau milieu de l’équipe adverse ! Ses coéquipiers accourent à la rescousse, bravent les dangers pour extirper leur précieux allié. Alors que tout semblait perdu, il sort presque indemne de la mêlée et sous les applaudissements d’un public encore bouche bée.

L’émotion était très forte et la retombée est d’autant plus brutale. Le calme après la tempête, permet néanmoins à de nombreux joueurs au sein des spectateurs, de rejoindre le bureau des admins. Il semble que les résultats soient tous disponibles et que la compétition n’attend plus que la finale pour être officiellement terminée.

J’essayais d’entendre ce qu’il se disait derrière moi, mais mon regard revenait automatiquement se raccrocher à l’écran de diffusion pour savoir comment le match allait se finir.

La plupart des spectateurs ont rapidement repris place pour suivre le match. Certains, sur le point de s’asseoir, ne terminent pas leur geste qu’ils s’exclament face à un coup de maître de la part de Menthe Esport, qui remporte l’affrontement et la partie dans la foulée.

Un des joueurs exulte de joie, se lève fièrement face à la foule et montre sa domination à l’issue de cette première partie. Sa joie est évidente, bien qu’il se ravise rapidement pour mieux se concentrer sur le challenge à venir.

Les matchs prennent peu de temps à s’enchaîner. Pour autant, un silence assez lourd s’installe. Les membres de l’équipe technique en prirent conscience trop tard. Au démarrage de la musique, le cast avait déjà repris la parole, un malaise dans la production qui manquait de préparation.

Mascarade
Joueur reconnu de la scène française Heroes of the Storm, Mascarade a remporté la Gaming Winterfest de Melun avec son équipe, les LF Sponsor.

Le deuxième match commence et le rituel reprend. Le décompte des spectateurs au début du match, les différents débats sur les compositions, les interactions avec le cast et surtout, cette odeur de crêpes toujours omniprésente.

Le public est un peu moins absorbé au fur et à mesure que la compétition avance. Les discussions sont plus ou moins continues, entrecoupées par des actions d’une grande intensité.

Presque toute la LAN était alors présente devant le grand écran. Le matériel était déjà presque rangé, il ne restait plus que les joueurs sur scène pour clôturer ce moment d’esport.

Le match est serré, la deuxième partie se conclut sur la victoire de LF Sponsor. Chaque match rapproche un peu plus les deux équipes de l’affrontement final. La seconde victoire des Menthe Esport se joue de peu. Un des joueurs libère toute la pression accumulée en se levant face au public, il frappe sa poitrine en criant, fier et heureux des résultats de son équipe sous les applaudissements du public.

Après le troisième match, l’heure avance et certains membres du public quittent la salle pour rentrer chez eux. La LAN se vide alors que la finale touche à sa fin.

Néanmoins, aucune équipe ne parvient à prendre le dessus dans ce BO5. Il aura été nécessaire d’aller jusqu’au bout et de jouer le 5ème match pour que LF Sponsor soulève finalement le titre.

Quelques applaudissements dans le public viennent célébrer cette victoire, tandis que les joueurs se lèvent et vont serrer les mains de leurs adversaires.

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Je me lève juste avant la fin du match pour me rendre sur scène, prendre un bon cliché des joueurs qui célèbrent leur victoire. Ma déception se fait sentir lorsque ceux-ci, contre toute attente, n’exultent pas de joie dans la victoire. Leur manque de réaction me décevait un peu, tout fier que j’étais de pouvoir capturer un moment de grande intensité.

Je m’attendais à voir, comme dans ces images des Worlds ou des IEM, des coéquipiers sauter dans les bras les uns des autres, des sourires jusqu’aux oreilles et peut-être mêmes, quelques élans de folies.

C’est dans la plus grande des sobriété que les joueurs se sont serré la main, partageant un dernier geste amical avant de ranger leur affaire et quitter la scène de la LAN.

La salle était alors presque entièrement vide. Nous ne sommes pas restés pour la remise des prix, l’heure avait déjà bien tourné. Une fois redescendus de scène, Xeryus et moi n’avions plus qu’à plier bagage. La vie devait suivre son cours et nos trains ne prévoyaient pas de nous attendre.

La LAN était finie pour nous, il était temps de reprendre le chemin du quotidien.

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