À moins de ressortir d’un coma de plusieurs mois, vous n’avez pas pu louper la saga « Elon Musk rachète Twitter ». Vous êtes aussi sûrement au courant du drama de Twitter Blue. Il y a quelques mois, il proposait une somme colossale pour racheter le réseau social. Cette offre est tellement énorme qu’elle est acceptée.
Problème, le patron de Tesla se rend vite compte que son offre est largement au-dessus de ce qu’il aurait dû proposer. Il tente donc un rétropédalage pour ne pas avoir à payer les 44 milliards de dollars promis !
Sauf que Twitter n’apprécie pas du tout la blague ! L’entreprise commence à parler de procès. Elon Musk est coincé et il doit donc finalement acheter au prix convenu. Sauf que ces 44 milliards, il va bien falloir les rentabiliser. C’est là qu’intervient Twitter Blue !
L’idée derrière est assez simple : pourquoi ne pas faire payer les gens pour obtenir un badge de vérification ? Cette idée a fait bondir les utilisateurs du réseau, qui y voyaient une énième mauvaise idée du milliardaire. Mais en plus de cela, elle risque de prendre en otage des centaines, voire des milliers de sites et pages qui devront soit payer, soit accepter de ne plus être vus. Parce qu’Elon Musk veut aussi mettre en avant les comptes qui paient !
On peut aussi parler d’autres problèmes. Par exemple le fait qu’on veuille nous interdire de faire la promotion d’autres réseaux ou bien encore les usurpations d’identité de comptes connus via Twitter Blue.
Un processus de vérification améliorable
On va le préciser, je n’ai rien contre Elon Musk en général. Génie ou pas, je m’en fiche, il fait sa vie et moi la mienne. D’ailleurs, pour être tout à fait honnête, le processus de vérification de Twitter avant le rachat n’était pas vraiment bon.
Les conditions pour y accéder étaient obscures. Alors que vous sembliez remplir toutes les conditions, on pouvait vous refuser sans donner de raison. Aucune personne n’était capable de vous expliquer son fonctionnement.
J’ai comme exemple des journalistes qui pendant des mois et des mois ont tenté de se faire vérifier. Plusieurs de leurs collègues l’avaient été avant eux et plusieurs autres après. Logiquement, ils y avaient donc eux aussi le droit.
Sauf que non ! Malgré plusieurs demandes, ils n’ont jamais été vérifiés. Alors, sur le papier, un dépoussiérage de ce processus de vérification ne pouvait pas faire de mal. Pour autant, Twitter Blue, ce n’est pas la bonne solution !
Twitter Blue, chronique d’une catastrophe annoncée
Autant le processus de vérification précédent était injuste, mais désormais Twitter Blue ne vérifie plus rien ! Ah si, une fois par mois, il s’assure que vous avez toujours au moins 8$ au fond de votre porte-monnaie !
Autoriser tout le monde à être certifié simplement en payant, qu’est ce qui pourrait mal se passer ? Rapidement, de nombreux utilisateurs avertissent Elon Musk des dérives qui pourraient avoir lieu.
La principale crainte, c’est l’usurpation d’identité. Car oui, Twitter Blue ne prévoit aucun changement dans l’affichage de la vérification. Pourtant, Elon Musk persiste et signe et son programme est lancé.
Au bout de quelques minutes, les faux comptes officiels commencent à se multiplier. On retrouve même des comptes se faisant passer pour Twitter et arnaquant les gens à base de cryptomonnaies.
Okay twitter blue has been such a success I need to do a thread. Feel free to add to the 🧵on the great launch of this product pic.twitter.com/cx1bEFp9Yn
— Read Jackson Rising by @CooperationJXN (@JoshuaPHilll) November 10, 2022
C’est un fiasco ! Qui aurait pu le prévoir ? Eh bien apparemment tout le monde sauf notre ami Elon. Au bout de quelques heures, Twitter Blue est suspendu jusqu’à nouvel ordre. Sauf que cette suspension n’était bien sûr que temporaire. Le programme a fait son retour il y a quelques jours.
Pour éviter ces usurpations d’identité, des couleurs ont été ajoutées pour certaines vérifications comme le gris pour tout ce qui a attrait à la politique ou le orange pour les entreprises (même si Elon Musk penserait à lui aussi le rendre payant).
Mais les individus vérifiés ont toujours le badge bleu, ce qui les place visuellement toujours au même rang que les abonnés Twitter Blue. Ça nous amène à des scénarios sympathiques comme le fait que des leaders talibans se voient vérifiés ! Bah oui, pourquoi ne pas mettre leur contenu en avant ?
D’ailleurs, Twitter Blue, qui est là pour lutter contre les arnaques n’est même pas fichu de respecter le droit français en affichant des tarifs hors taxe. Surprise, quand il faut payer, ce n’est pas 8€, mais 9€60 que vous devez débourser.
Quel est le rapport entre Twitter Blue et le gaming ?
Bon, d’accord, Twitter Blue ce n’est peut-être pas génial. Mais quel est le rapport avec EIN ? C’est vrai, on est un site qui s’intéresse aux jeux vidéo, pas aux réseaux sociaux ? Eh bien, le problème, c’est ce que Twitter Blue risque de devenir.
Sous couvert de lutte contre les bots et spams, la décision a été prise que les tweets envoyés depuis des comptes vérifiés par Twitter Blue seront tout simplement plus mis en avant que ceux venant de personnes lambda.
Comprenez que si vous voulez être vu, il va falloir sortir le chéquier. Magnifique n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme s’il y avait d’autres moyens de vérifier que la personne derrière le compte était un vrai humain.
D’ailleurs, est-ce que payer 8$ par mois est suffisant pour vérifier que vous n’êtes pas un bot ou un scam ? Au vu du résultat des premières heures de Twitter Blue, on peut en douter et l’entreprise à l’oiseau bleu en doute aussi !
Désormais, pour pouvoir accéder au programme, il faut lier un numéro de téléphone à son compte. Pourquoi ne pas faire la même chose avec tous les comptes à la place de ce service d’abonnement ? Bah parce que ça ne rapporte pas d’argent pardi !
Rentabilise Twitter ou tais-toi !
On a bien compris que la plateforme avait été achetée bien trop cher et que maintenant, Elon Musk devait absolument la rentabiliser pour ne pas sombrer. Car oui, ces décisions catastrophiques ont de vraies conséquences.
On peut par exemple parler de Tesla, dont la valeur en bourse a sauté d’un avion sans parachute doré depuis l’acquisition de Twitter. D’ailleurs, certains actionnaires commencent déjà à demander la tête du patron.
Alors, c’est parti, rentabilisons Twitter au maximum en faisant en sorte qu’il faut payer pour être vu. Sauf que ce genre de mesure, c’est tout simplement la mort d’un tas de petits sites.
Prenons notre exemple. Nous sommes en partie dépendants des réseaux sociaux et donc de Twitter pour la promotion de nos articles. Nous vous les partageons à vous qui êtes abonnés et si vous les aimez, vous les partagez à vos abonnés, etc.
Sauf qu’avec le système actuel, vous risquez de passer à côté de nos sorties. Elles seront jugées par Twitter moins qualitatives que si nous avions payés Twitter Blue.
Qu’un classement soit fait sur la qualité, c’est normal. Sauf que là ce n’est pas le cas. La plateforme nous tient en tenaille en nous demandant tout simplement de payer sous peine de ne plus être mis en avant. On est certes un organisme qui n’a aucune intention de gagner de l’argent, d’ailleurs vous avez sûrement remarqué qu’il n’y a aucune pub sur le site.
Toutefois, nous prenons le temps, comme de nombreux autres sites, de vous fournir des articles de qualité. Sauf qu’il est hors de question de payer 8$ par mois pour Twitter Blue pour que nos papiers soient vus. Entre ça et l’état de la presse du jeu vidéo depuis quelques temps, il y a de quoi être inquiet !
Outre Twitter Blue, une plateforme à la dérive
D’ailleurs, Twitter Blue n’est pas le seul problème de la plateforme, loin de là. Pour être clair, il est aujourd’hui impossible d’envisager un avenir serein sur Twitter pour un site comme le nôtre.
Twitter est géré d’une manière totalement aléatoire. Depuis son rachat, on a cette impression qu’un matin, Elon arrive avec son idée, tout le monde lui dit que c’est nul, mais il la veut quand même.
Une fois lancée, les utilisateurs lui confirment que c’est nul et hop marche arrière toute. L’un des exemples les plus probants, c’est celui de l’interdiction de faire la promotion d’autres réseaux sociaux sur Twitter.
Une annonce lancée en plein milieu de la finale de la coupe du monde. Un timing assez étrange, mais gageons que c’est une coïncidence et non un moyen de faire passer cette nouvelle règle en toute discrétion.
Encore une fois, surprenamment les gens ont râlé et après quelques heures, cette règle avait disparu et le tweet annonçant le changement supprimé par le support Twitter. On ne parlera pas non plus des journalistes bannis pour avoir osé parler du fait que le compte Elon Jet qui suivait les mouvements du patron en jet s’était vu suspendre de Twitter.
On peut aussi évoquer la dernière lubie en date, celle de faire payer l’accès à l’API pour “lutter contre les bots et les arnaques”. C’est vrai que les arnaques qui gagnent de l’argent ne pourront pas payer ce nouvel abonnement. Par contre là encore, ce sont des milliers de petits créateurs qui n’ont pas pour but de gagner de l’argent qui ne pourront pas assumer ce nouveau paiement.
Mais bon rassurons-nous, car Elon Musk a décrété que les bons bots pourront profiter d’une version allégée de l’API. Toute ressemblance dans ces déclarations avec un sketch des inconnus est bien évidemment fortuite !
Responding to feedback, Twitter will enable a light, write-only API for bots providing good content that is free
— Elon Musk (@elonmusk) February 5, 2023
Alors que faire ?
Outre Twitter Blue, l’avenir sur la plateforme à l’oiseau bleu semble un peu compromis, notamment pour des médias qui voient les règles changer du jour au lendemain et ne peuvent que subir.
Avec Twitter Blue de nouveau disponible, vous risquez de ne plus voir nos articles aussi souvent dans votre fil d’actualité. Pour nous, c’est assez simple, gardez en tête qu’un article sort à 17h chaque jeudi.
On a la chance d’avoir ce rendez-vous que d’autres n’ont pas en espérant que cela nous sauve un peu de la situation. Mais cela ne veut pas dire pour autant que tout est gagné. Si toute cette histoire du rachat de Twitter a montré une chose, c’est que face au bad buzz, Elon Musk réagit.
Entre le coût de Twitter et la gronde qui monte chez Tesla, il ne peut se permettre de trop gros échecs. Alors, continuons à exprimer notre mécontentement face aux lubies qui n’ont que pour objectif de rentabiliser une plateforme achetée bien trop chère. Ce n’est pas nous qui avons signé le chèque, ce n’est pas à nous d’en subir les conséquences.
Désolé Elon !