Il y a quelques semaines de cela, ce qui occupait l’espace médiatique esport, c’était la Trackmania Cup organisée par Zerator. Celle-ci était absolument partout et a même bénéficié d’un traitement exceptionnel par rapport aux autres éditions. En marge de cette compétition, le président Emmanuel Macron a ainsi accueilli une réception en l’honneur de l’esport français. Une réception dont on vous analysé les tenants et les aboutissants lors d’un récent article.
Mais si l’on se concentre uniquement sur la compétition, il y a une histoire qui a fait pas mal de bruit. C’est celle de Gwen et il y a plusieurs raisons à cela. La première, c’est forcément que remporter cette édition en compagnie de son duo, Affi, est une belle performance. Mais surtout, depuis quelques années, Gwen est devenu la figure montante de Trackmania en France en remportant les trois dernières éditions de la Trackmania Cup.
Forcément, quand on sait que la World Cup arrive, on peut légitimement se demander quelles sont les attentes de Gwen par rapport à cette compétition. Alors, je suis allé à sa rencontre il y a quelques jours dans le but d’évoquer ces deux compétitions, mais aussi de s’intéresser à son avenir professionnel et à celui de la scène esport qu’il aime tant. Je vous laisse donc avec cette interview en vous souhaitant une bonne lecture.
Pour moi ce n’était pas vraiment une nouveauté non plus vu que j’avais fait le zénith de Strasbourg. À Bercy j’ai un peu vécu les mêmes émotions que là-bas justement. Tu ne te rends pas forcément compte de ce qui se passe, tu es là, tu vis ta meilleure vie. C’est très émouvant comme moment. C’est aussi beaucoup de pression et de stress, mais à la fin c’est que du plaisir, c’est vraiment une très bonne expérience.
Honnêtement, je n’ai pas vraiment de petite astuce. Après, comme il y a une excellente ambiance entre les joueurs, le fait de passer la journée ensemble, c’est ça qui nous fait gérer la pression. C’est une très bonne ambiance, c’est très cool entre potes et savoir qu’on fait ça tous ensemble c’est un très bon moyen de gérer ça.
Avant même la demi-finale, on était déjà tous stressés et c’est quelque chose de normal. On était aussi stressés parce qu’on savait que forcément le niveau était très serré. Mais ce qui a sûrement changé la donne, c‘est qu’Affi et moi on se connait et on joue ensemble depuis longtemps.
Pour la demi-finale, il y a une pression, mais une fois arrivé en finale, elle disparaît, on n’a plus le stress de l’élimination, on sait qu’il faut tout donner pour être le mieux classé. C’est ce qui nous a permis de faire la finale qu’on a fait en laissant de côté le stress et en prenant du plaisir.
Je pense que c’est quand même important de se sentir à l’aise pour ne pas être crispé. Mais il faut aussi se rendre compte qu’au moindre relâchement, ça pourrait tout nous coûter. Du coup on reste concentré dans notre match et tant qu’on n’a pas gagné, on essaye de ne rien changer. On est conscient qu’on peut gagner, mais il ne faut jamais se dire que c’est déjà fait.
Le plaisir, il monte petit à petit dans le match. Au début, il n’y en a aucun, c‘est vraiment juste de la concentration pour ne pas faire d’erreurs. Puis, plus le match avance, plus on se rend compte que la victoire est possible. C’est à ce moment-là qu’il commence à vraiment arriver. Déjà quand on a atteint les 100 points, on était extrêmement heureux, puis après lors de la victoire, on se relâche complètement, tout explose, c‘est incroyable.
Forcément, j’ai moins pu m’entraîner que d’autres sur cette Trackmania Cup, mais je pense avoir réussi à bien gérer tout ça. Quand il y avait une épreuve qui arrivait, je me mettais à fond dessus et je ne touchais plus au jeu. Après je me remettais sur l’entraînement de Trackmania en vue de la compétition.
Donc en soit, j’avais du temps et je pense avoir plutôt bien géré ça, même si forcément le bac étant ce qu’il est, il en prenait. Du coup aujourd’hui je suis fier de ce que j’ai fait en gagnant Bercy et en réussissant à me préparer pour le bac.
Comment dire ça… C’est quand même quelque chose d’entendre ça parce que quand Carl Jr a commencé à performer, j’étais encore très jeune. Du coup, entendre des gens me comparer à lui, voire dire que je l’ai dépassé, c’est très très glorifiant. Parfois je me sens même un peu mal par rapport à ça parce que Carl c’est aussi un très bon ami et voir que je commence à prendre petit à petit sa place, ça fait un peu mal et c’est une sensation bizarre.
Ce genre de choses, ça arrive depuis ma première victoire à la Trackmania Cup. À chaque fois que j’arrive dans un événement, je fais maintenant automatiquement partie des favoris. Pareil pour Bercy où j’étais déjà l’un des favoris. Le seul changement c’est peut-être à l’international où on risque de m’attendre à un autre niveau, même si j’avais déjà réussi à me faire un nom avant.
Ça va être ma première World Cup cette année et je l’appréhende un peu comme une compétition normale, du moins j’essaye de ne pas trop me mettre de pression. Les gens me considèrent comme un favori après Bercy, mais quand on y regarde de plus près, les cartes ne sont pas du tout les mêmes que celles de la World Cup.
Les joueurs que l’on voit au top sont aussi complètement différents, donc j’y vais, je vois ce que ça donne et je ne vais pas avoir d’attente particulière. Forcément gagner ce serait cool et être champion du monde, ce n’est pas n’importe quoi, mais j’appréhende ça le plus tranquillement possible.
Je ne me suis pas forcément fixé un objectif, mais j’ai quand même un minimum d’égo. J’aimerais au moins être dans la première moitié des joueurs, mais après le reste ce n’est pas si important que ça.
Ce soutien je l’ai depuis un petit moment déjà, mais par delà ça, ce qui me motive beaucoup, c‘est que c’est la première World Cup que je fais. Je vois ça comme un moyen de me tester sur la scène mondiale, voir ce que je peux donner sur cette scène professionnelle.
Le fait que la scène française soit si présente sur Trackmania on le voit depuis quelques années avec l’impact qu’à Zerator. Mais ça reste assez récent de voir autant de français exploser à l’international et à titre personnel, ça fait vraiment plaisir.
Je pense que le gros objectif, c‘est de me faire reconnaître sur la scène internationale comme étant un très bon joueur. Parce qu’en vérité à l’international, la scène française, elle, n’est pas forcément bien vue. Souvent quand un joueur français arrive au haut niveau, il a tendance à être “mal vu”.
Les autres ont l’impression qu’il n‘a pas forcément autant de mérite. Donc si je peux réussir à me faire respecter par la scène internationale même si c’est déjà pas mal le cas, ce serait une très belle chose.
La Trackmania Cup c’est quelque chose qui va former très vite les joueurs que ce soit au niveau du mental ou bien même des performances. Les maps de la Trackmania Cup sont très compliquées, bien plus que celles de la World Cup et forcément, on arrive très armé sur ce genre de compétitions et ça joue forcément. De plus, une fois au top niveau national, les joueurs ont très envie de monter au top niveau mondial.
À titre personnel, je n’ai pas pour objectif de vivre de Trackmania, mais je me dis “pourquoi pas tester l’expérience ?”. C’est dans cet objectif que j’ai pris une année de césure. Je vais me lancer à fond dans Trackmania, mais à côté de ça, je vais garder des projets personnels hors gaming. Donc oui devenir pro, ce n’est pas forcément quelque chose que je voudrais faire, mais c’est à tester, je pense.
Le premier problème, c’est que Trackmania ne paye, à l’heure actuelle, pas assez pour pouvoir s’épanouir pleinement. Je me dis autant faire un autre métier à côté, gagner plus et pouvoir toujours avoir du temps pour Trackmania.
Sur d’autres scènes, cela vaut clairement le coup de se lancer à plein temps, mais ce n’est pas le cas sur Trackmania actuellement. Il y a aussi le fait de rester toute la journée sur son PC qui ne me tente pas forcément.
En soit, il y a déjà des gens qui vivent de Trackmania, mais il y en a très peu, voire aucun qui le font sans devoir streamer à côté. Pour que dans 5 ans, on puisse vivre de Trackmania, il va falloir qu’il y ait d’immenses investissements sur le jeu et la scène. Sinon, il y a très peu de chance que la scène évolue.
Je suis assez d’accord. La Trackmania Cup c’est très bien, c‘est un boost de visibilité immense et même dans sa vie personnelle. Malgré tout, ce n’est pas suffisant pour une professionnalisation. Je vois plus ça en tant que coup de pouce justement pour ces joueurs.
Alors c’est un très très gros boost, je ne dis pas le contraire, mais ça ne suffit pas à professionnaliser une scène. Ça permet d’atteindre une future professionnalisation, mais ce n’est pas directement via ça qu’elle arrive.
Je suis complètement d’accord sur le fait que la période de la Trackmania Cup est complètement différente du reste de l’année. Pour quelqu’un comme moi par exemple, en période de Trackmania Cup quand je stream c’est avec 1000 voir 2000 viewers, alors que le reste de l’année c’est 10 fois moins.
Une fois l’événement fini, le fait de garder toute l’attente et les viewers, c’est impossible. Du coup je me dis que s’il n’y a plus de Trackmania Cup, il n’y a plus de Trackmania comme je l’aime. Ce que j’attends toute l’année, c’est justement la période de la Trackmania Cup.
Oui, même si dans le fond je comprends la décision. Je vois très mal une Trackmania Cup se faire l’année prochaine après Bercy. Il faudrait trouver quelque chose de plus gros et à part les stades c’est impossible.
Sauf que faire du gaming dans des stades, c’est très compliqué. Je me dis donc que ce n’est pas si mal de s’arrêter sur ça. En plus moi ça m’arrange parce que je reste triple champion en titre et que je n’ai plus la pression de remettre ce titre en jeu (rires).
Plus sérieusement, je suis déçu, mais je me dis qu’il y a une fin à tout et que la Trackmania Cup a sûrement fait son temps. Ça a très bien vécu, ça s’est très bien fini, mais malgré tout j’espère que Zerator va continuer sur Trackmania.
Comme on pouvait s’y attendre, après avoir réussi à être considéré comme étant l’un des meilleurs joueurs sur la scène nationale, Gwen a désormais pour objectif d’avoir une réputation similaire, cette fois au niveau international, même s’il nous confiait ne pas forcément se mettre de pression pour le moment.
Ce qui est peut-être un peu plus surprenant, c’est le fait que Gwen, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ne se voit pas forcément avoir une carrière professionnelle dans le milieu de Trackmania. En cause, l’impossibilité de pouvoir vivre pleinement de cet esport. C’était un point assez longuement évoqué dans notre précédent article sur la Trackmania Cup.
On en revient donc à un point crucial, celui du sponsoring. En effet, aujourd’hui, très peu de scènes esport sont viables pour les joueurs qui vont donc avoir tendance à se détourner de cette scène ou du moins à ne pas vouloir d’une professionnalisation, préférant garder la pratique sportive comme un hobby.
Toutefois est-ce vraiment un mal parfois ? Dans un précédent article, on vous parlait de cette quête du sponsor qui amène parfois à fermer les yeux sur certains points et à se diriger vers des solutions éthiquement discutables. Malgré tout, Gwen a décidé de prendre une année de césure et de se lancer à fond sur Trackmania pour le moment. À voir donc si dans un an il aura réussi à éclabousser le monde de son talent comme il l’a fait dans notre pays.
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