As-tu déjà essayé d’imaginer la vie d’un jeune rêvant de devenir joueur esport professionnel ?
Pour moi, ça ressemble à un gigantesque couloir sombre où seuls quelques rayons lumineux se faufilent depuis son extrémité pour éclairer difficilement les innombrables portes disposées, ici et là, de chaque côté des murs.
Chacune d’elles est synonyme d’aventure, mais aussi d’appréhension. Elles sont néanmoins indispensables pour construire une carrière solide et extraordinaire.
Notre joueur a alors 3 possibilités :
Définitivement, c’est le genre d’endroit qui te pousse à rester constamment en dehors de ta zone de confort, et le pire, c’est que ceux qui s’y trouvent n’ont personne pour les guider.
Contrairement aux jeunes qui rêvent de devenir footballeur professionnel et réussissent à rentrer dans un centre de formation dès le collège pour se faire accompagner, le joueur esport, lui, n’a pas vraiment le choix aujourd’hui. Il doit y arriver seul.
Il doit définir quelle est la meilleure manière de s’entraîner, comprendre comment son mental alimente ses performances, apprendre à se vendre, cibler les équipes qui lui permettront de se développer, faire preuve d’abnégation, gérer son personal branding et j’en passe… et tout ça, sans refermer la porte de l’école et du monde extérieur. Quant aux parents, c’est un monde dont ils n’ont pas (encore) vraiment conscience.
Incroyablement difficile comme situation, n’est-ce pas ?
Depuis quelques années maintenant, certaines « écoles esport » émergent pour devenir ces fameux « guides ». Je pense tout particulièrement à Gaming Campus. D’ailleurs, vous pouvez retrouver mon interview de leur Directrice Générale, Valérie Dmitrovic, pour en apprendre plus.
L’école semble sérieuse et engagée dans une mission bienveillante, certainement comme d’autres exemples un peu partout dans le monde.
Seulement, d’autres essais laissent un arrière-goût de pizza à l’ananas assez désagréable en bouche (désolé, j’ai choisi mon camp).
Je pense notamment au dernier drama en date autour de la Montpellier Gaming Academy qui semble déshonorer, une fois de plus, le concept « d’école esport », et malheureusement, ce ne sont pas les premiers.
On parlerait ici de « professeur » d’anglais se faisant corriger constamment par les élèves, de cours de montage sans logiciel, mais avec des feuilles en papier pour compenser, ou encore d’un coach Fortnite fumant de la marijuana devant l’école. Il ne s’agit pas d’accuser aveuglément cette « école », car pour le moment, rien de tout cela n’a été prouvé, mais il n’y a jamais de fumée sans feu…
Avec de telles absurdités, difficile d’accorder une confiance aveugle dans des projets alliant esport et éducation, surtout pour des parents.
Il est indispensable que plus d’acteurs crédibles prennent la parole et offrent des garanties réelles pour construire le futur de l’esport.
Ça tombe bien puisqu’il y a quelques semaines maintenant, Team LDLC a annoncé la mise en place d’un partenariat prometteur avec la Tony Parker Adéquat Academy pour créer le premier « esport études » français !
L’objectif ? Accompagner de jeunes talents dès l’entrée au lycée et les aider à construire des carrières de champion au sein d’un écosystème éducatif et esportif sain.
Pour cette première année, 10 bourses de performances sont débloquées permettant au projet de rentrer en phase avec le besoin des clubs esport de former de jeunes talents, sans pour autant prendre le risque de les déscolariser.
Tout comme un joueur de sport, la carrière d’un joueur esport se dessine extrêmement tôt (et se termine même encore plus vite, aux alentours de 25 ans).
L’idée est incroyable et nous en avions grand besoin. C’est pourquoi je me suis empressé de partir à la rencontre de Stephan Euthine, actuel directeur de Team LDLC, pour revenir sur cette actualité brulante.
Par sa riche expérience, il est l’un des mieux placés pour appréhender les plus grands maux dans l’esport, mais aussi le plus armé pour tenter de les corriger.
Avec mes questions, j’ai tâché de comprendre comment le projet s’était conçu, mais aussi comment il avait été mis en place. Par ses réflexions, Stephan Euthine distille quelques notions à garder en tête, dans la formation des jeunes, l’encadrement, mais aussi sur sa vision de ce que doit devenir l’éducation, l’esport et le recrutement.
Cela fait plusieurs années que nous constatons un profond problème sur les recrutements de joueurs que nous réalisions. Soit nous accueillions des talents d’ores et déjà hors du circuit scolaire parce qu’ils sont dans l’optique de devenir professionnel, soit, ils sont encore à l’école et dans ce cas, nous rencontrons d’énormes problématiques pour allier études et esport tout en restant compétitif.
C’est assez problématique dans les valeurs que nous essayons de véhiculer. Lorsque le joueur a décroché, nous pouvons tenter de le réinjecter dans le monde professionnel. Par contre, s’il est encore à l’école, ce n’est plus la même vision, et nous nous retrouvons à faire partie d’un système qui les déscolarise.
C’est un constat que nous apprécions ces 2 dernières années. Nous souhaitons vraiment dépasser ça et rentrer davantage dans la formation des nouveaux talents. Notre club a, depuis toujours, détecté des joueurs pour tenter de les emmener dans des équipes plus prestigieuses que la nôtre à l’international.
On veut capitaliser sur cette image de structure formatrice du début à la fin, et donc, nous ne pouvions plus continuer de rentrer dans ce cycle de déscolarisation des joueurs. C’est un vrai risque. Dès que nous commencions à demander à nos jeunes joueurs d’atteindre le niveau des professionnels, l’implication de leurs entraînements sur leurs études posait un véritable souci.
Les établissements scolaires ne comprennent pas l’activité de nos joueurs esport. Elle n’est pas identifiée comme un sport, donc quand il y a une compétition le week-end, le collège ou le lycée demande leur présence le lundi matin à 08h pour les cours. C’est une vraie barrière pour nous. Nous devions négocier avec certains directeurs d’établissements pour valider l’absence d’un de leurs élèves à cause des tournois.
Toute cette réflexion est née de ça. Si nous voulons créer des formats de recrutement avec nos jeunes talents, il nous faut la formule adéquate entre éducation et pratique de l’esport.
Nous avons vu des formats naître à droite et à gauche concernant les écoles de joueurs. Que ce soit du pré ou du post-bac, nous n’avons jamais été satisfaits par ces formules. Chacun son métier. Le mien, c’est de former des joueurs esportifs et non de leur enseigner autre chose que de la pratique. Je le rappelle, ce n’est pas un métier que nous enseignons, mais belle et bien une pratique, tout comme le sport.
C’est pour cela que nous nous sommes rapprochés d’un lycée. C’est dans ces tranches d’âges que nous recherchons de jeunes talents. Un club professionnel esport ne détecte pas ses joueurs après le bac. Ça n’a pas de sens.
Ça peut arriver pour des cas particuliers, où il y a une lumière qui brille à un moment donné, mais de manière générale, les joueurs sont repérés avant. Et attention, je parle de repérage et non de contrat.
Cela dit, c’est sûr qu’il y a moins d’élu après le bac. L’objectif étant de réussir à recruter au plus jeune pour pouvoir les façonner dès leur début de carrière chez Team LDLC. C’est-à-dire entre 16 et 18 ans.
Nous ne pouvions pas y aller seul. Il nous fallait un lycée partenaire. Nous avons essayé de contacter des établissements publics, mais nous nous sommes rendu compte que la lenteur administrative ne nous permettrait pas d’y arriver.
Ma casquette de président chez France Esports me permettait de poser ces questions de manière officielle. Certains lycées voulaient tenter quelque chose, des collèges aussi, mais ce n’était pas abouti, ou, en tout cas, pas comme nous en avions besoin pour créer un cycle esport étude semblable au sport.
Nous nous sommes tournés vers le privé et j’ai eu la chance de rencontrer le directeur de la Tony Parker Adéquat Academy à l’inauguration de Gaming Campus, à Lyon. C’est assez marrant de voir que notre première discussion a eu lieu durant l’annonce d’un nouveau cursus scolaire.
Lorsque nous avons exposé nos besoins, c’était un non-sens de ne pas travailler ensemble. Il voulait créer une nouvelle « passion études » avec l’esport, sans nécessairement se calquer sur le monde du sport. Ça fait sens avec ce dont j’attendais pour nos futurs talents.
D’autant plus qu’ils sont également basés à Lyon, comme Team LDLC. Tous les signes montraient qu’il fallait que nous matérialisions cette idée.
Sur le rapprochement, oui, mais notre réflexion remonte à plus de 3 ans maintenant. Seulement, nous n’arrivions pas à trouver l’angle idéal pour se lancer. Nous nous demandions même s’il ne fallait pas intégrer des professeurs au sein de notre centre de formation.
Finalement, la Tony Parker Adéquat Academy apporte une solution plus riche dans les échanges, les outils et le cadre de travail pour l’enseignement.
Avant de rencontrer Tony Parker, j’ai dû présenter l’ensemble du projet au directeur de l’école. Ce que nous avons annoncé n’est qu’une partie de tout ce qui sera mis en place sur le courant des années 2019/2020, et ne concerne pas forcément que l’aspect formation. L’idée étant de créer un véritable écosystème lyonnais et local sur lequel nous allons pouvoir appuyer le club et s’autofinancer.
Les clubs rentables, c’est difficile à trouver en France. Nous avons besoin des levées de fonds pour lancer la machine, nous sommes tous d’accords là-dessus. Mais derrière, c’est difficile d’assurer une rentabilité, donc nous devons l’inventer.
Nous avons construit une vision commune et ensuite je suis allé la présenter à Tony Parker. Quand je suis arrivé à 15% de la présentation, il m’a arrêté pour me dire « Non mais Stephan, il n’y a pas de débat, tu m’as déjà convaincu ! ». C’est une des choses qui me plaisent dans mes échanges avec Tony Parker. Je n’ai pas eu besoin de dérouler tout le projet car il comprend tout de suite où nous voulons aller.
Bien évidemment ! Il est plus sensible à l’esport que d’autres sportifs français parce que sa carrière se déroule aux États-Unis, et que leur sensibilité y est plus forte, notamment auprès des joueurs de NBA où ça résonne particulièrement.
Même pas ! Cela dit, moi j’en avais une, notamment sur CS : GO. Je voulais savoir si ça pouvait lui poser un problème particulier, car ça reste Counter Strike, et en France, le contexte peut être particulier.
Une fois que nous comprenons comment fonctionne le jeu, ses mécaniques et ce qu’il y a autour, il n’y a plus de débat. Si nous avons choisi LoL et CS : GO, c’est principalement parce que Team LDLC y est fortement développé. Ça pouvait coincer, mais même pas.
L’idée étant d’y injecter des valeurs semblables au sport, et comme un sport de haut-niveau, certains ont des limitations d’âge, donc pourquoi ne pourrions pas le faire avec l’esport ? Notre vision a collé tout de suite !
La vision n’est pas forcément d’aller sur un jeu qui marche ou pas. Notre priorité, c’est d’être centré autour du joueur.
Nous voulons que ça fonctionne, mais aussi développer notre écosystème. Il n’y a pas de débats, aller sur Fortnite serait le plus logique, mais ce « moment » relève du court terme, opposé à notre projet. Dans l’état actuel, ce n’est donc pas possible de nous positionner sur ce titre, mais rien ne l’interdit quand nous aurons plus de recul et de certitudes sur l’apport d’un encadrement à la pratique du jeu.
Le modèle mis en place par Epic Games n’est pas pérenne. Ça ne m’indique pas si je peux accompagner un jeune joueur sur un ou deux ans pour lui offrir une place professionnelle, car je ne sais même pas si Fortnite sera encore là.
Même si c’est une fusée qui a décollé violemment et qui reste un satellite surplombant les autres, je n’y vois aucun schéma esportif. Nous avons une vision disruptive de l’écosystème compétitif avec Fortnite, ce qui me fait plus peur que ça ne me rassure en tant que directeur de club.
C’est davantage un esport spectacle qu’un esport compétitif, et pour baser le début de la Tony Parker Adéquat Academy, il nous faut plutôt de l’esport compétitif, sur lequel nous comprenons les codes et savons où aller.
Investir sur des jeux esport spectacle est possible, mais il faudrait une formule différente. Peut-être parvenir à accompagner un joueur pour qu’il soit capable de changer de titre compétitif sur le long terme, mais aussi une partie streaming. Globalement, si un autre jeu arrive, comme un Apex Legends, il doit être capable de basculer dessus et continuer sa carrière au cas où le premier jeu meurt. Sinon, c’est extrêmement risqué.
Il faut bien comprendre que nous parlons de deux projets différents. Personnellement, je sépare ces deux types d’esport. Avec Team LDLC, nous faisons le choix d’accentuer nos efforts sur l’aspect compétitif, donc nous commençons par-là, mais la porte n’est pas fermée dans les prochaines années pour passer sur l’esport spectacle, mais nous devons être prêts.
Oui, c’est le constat inquiétant de cette année. Je ne compte plus le nombre de mails ou d’appels de parents qui nous expliquent vouloir ou avoir déscolarisé leurs enfants pour devenir « Joueur Pro » sur Fortnite et qu’il faut absolument les recruter.
C’est « flippant » pour un directeur de structurer de constater ça. Nous parlons de jeunes de 13-14 ans qui font quelques tops 1 ou qui se qualifient à l’un des événements de l’éditeur.
D’ailleurs, ce n’est pas parce que tu es qualifié en ligne et que tu peux aller aux Worlds que ça fait de toi un joueur professionnel. Nous ne sommes pas encore à ce stade sur Fortnite. C’est simplement une mise en lumière sur un pic de performance. Maintenant, il faut transformer cet essai, et il y a un vrai travail à faire.
Réussir à se maintenir au meilleur niveau, c’est difficile. On voit beaucoup de joueurs faire des tops 1, mais en LAN ou sur scène, c’est littéralement différent, notamment quand tu dois jouer contre de vrais professionnels en face de toi. Il faut garder le bon mental, du sérieux et ne pas craquer sous la pression. C’est ce qu’apporte un club.
Actuellement, nous avons des joueurs attirés par l’appel financier d’Epic Games, qui pour moi, est pénalisant à un écosystème esportif, et non, salvateur. J’espère qu’ils feront des efforts sur la construction d’un modèle plus sain et sortir peu à peu du schéma spectacle comme il l’est aujourd’hui.
Nous sommes sur des jeux que nous maîtrisons, donc j’ai déjà des spécialistes, notamment mes directeurs esport que sont Yellowstar pour League of Legends et Anthony RABBY sur CS : GO. Ils ont déjà la vision de ce qu’on attend d’un joueur et ce qu’est une pépite, et c’est clairement le terme utilisé en interne. Nous souhaitons transformer des diamants bruts en véritables talents, et ça se passe dès sa détection.
Nous arpentons les compétitions, et d’ailleurs, je pense que, plus les années passent, et plus le recrutement va devenir un événement à l’américaine comme dans le football américain ou le basket.
Quand des recruteurs mettent les pieds dans les universités, c’est pour détecter les futurs joueurs, et nous devons avoir ce même format en France de manière plus officielle afin de créer une émulsion.
C’est plutôt positif de donner au monde amateur une motivation supplémentaire à la participation des joueurs, de désacraliser le cash prize, et surtout d’être là pour montrer ce que l’on vaut. Les joueurs détectés ne sont pas forcément ceux qui gagnent tous les matchs, c’est encore plus vrai dans les jeux en équipes. Il est possible de briller à certains moments sans pouvoir arriver jusqu’en finale.
Ensuite, nous nous appuyons sur des données spécifiques grâce aux outils développés en internes. Cela nous permet de cibler correctement certains joueurs, et d’affiner l’analyse de nos recruteurs et de nos directeurs esport.
Une fois ce travail réalisé, on rencontre ces mêmes joueurs, car au-delà de la performance, il y a aussi l’humain. Si ces personnes ne correspondent pas à nos valeurs, on ne peut pas les accueillir. C’est indispensable, pour nous, que l’ensemble de nos joueurs véhiculent les valeurs d’LDLC, ou alors, que nous puissions lui transmettre.
Si nous nous trouvons face à un joueur totalement décalé et que nous nous rendons compte qu’il sera difficile de l’intégrer dans l’univers de Team LDLC, nous ne prenons pas le risque. D’ailleurs, l’âge joue un rôle important. S’il est recruté à 17 ou 16 ans, ça change pas mal de choses, car il y a tout de même une année d’écart, donc nous bénéficions davantage de temps pour le former.
Si nous intervenons en fin de parcours alors qu’il est proche de la professionnalisation, et qu’en plus, il ne partage pas nos valeurs, il aura peu de chances d’être intégré chez nous, car il ne s’entendra pas avec les autres joueurs.
Nous mesurons toutes les personnalités pour tenter de créer des synergies lors de chaque entretien. Nous prenons aussi toute l’importance de parler avec le jeune, mais aussi ses parents, car l’encadrement familial est indispensable.
Avec la Tony Parker Adéquat Academy, nous englobons la dimension scolaire, donc il faut également un niveau minimum pour intégrer le Lycée et mériter les bourses de performances que nous mettons en place.
Nous sommes sur une première année, ça peut faire peur, car les parents ne savent pas trop où ils emmènent leurs enfants. La différence, c’est que nous avons déjà des joueurs qui étaient en déscolarisation par ce mode de recrutement. Là, à l’inverse, nous les rassurons en leur disant que nous les accompagnons dans leur cycle scolaire grâce à une bourse de performance. Il y a une obligation de résultat sur leurs études, car nous ne parlons pas d’une bourse sociale, même si c’est le même sujet, mais dans notre cas, nous prenons en charge la scolarité grâce à la performance.
Si le joueur est sélectionné, il s’engage à réussir ses études, et s’il n’y arrive pas, il perd la bourse.
Je pourrais même dire sur l’aspect sportif ! C’est compliqué de jongler entre les deux mots. En tout cas, dans leurs 20 heures, ils auront une pratique sportive également, même si ça reste minime. Ils ne vont pas faire 12 heures de basket parce qu’ils sont à la Tony Parker Adéquat Academy.
Ils ne suivront pas le même rythme d’entraînement, parce qu’ils seront au lycée. Par contre, au contraire de ce que nous pourrions imaginer, ils ne feront pas 4 heures de cours le matin, et 4 heures de jeu l’après-midi.
Nous allons créer une alternance de rythme, et c’est justement l’un des échanges que nous avons eus avec Acadomia et des spécialistes de l’éducation sur les temps d’attention.
Nous alternerons des pastilles de 2 heures de cours standards et plus orientés esport, que ce soit matin ou après-midi. Parfois, cela peut-être du 3-1 selon les modalités de calendrier, mais l’idée est d’avoir de l’enseignement dans chaque demi-journée pour pouvoir avoir des temps d’attention et des temps de passion.
Dans l’esport, tu n’as pas que le jeu sur PC. Nous intégrerons tout ce que nous considérons important dans la carrière d’un joueur esport. Il y a des notions de Social Media, de la préparation mentale, de la nutrition, etc.
Ils doivent sortir du cycle d’éducation en ayant leur diplôme, mais aussi la capacité de comprendre ce qu’implique de devenir un joueur professionnel. Nous devons les armer sur tous les sujets. Même l’aspect juridique sera abordé. Apprendre à décoder un contrat est utile pour juger s’il est nécessaire de se rapprocher d’un avocat pour de l’aide. Ça a l’air idiot à cet âge, mais pas du tout. Les joueurs vont être confrontés très tôt à la contractualisation et ils doivent garder la tête sur les épaules lors de la signature de n’importe quel document.
L’objectif du cursus de la Tony Parker Adéquat Academy, que ce soit sur la passion basket ou esport, c’est la professionnalisation du passionné.
Sur la question de l’emploi, il faut détacher ce que fait Team LDLC, en tant que centre de formation, et ce que met en place, de manière générale, la Tony Parker Adéquat Academy.
Leurs formations sont pré et post-bac, sans oublier les partenariats avec des universités ou des écoles comme l’EMLyon. Ça permet d’offrir aux élèves la possibilité de continuer leurs études et d’aller vers la professionnalisation promise, car le 100% d’accès à l’emploi se base là-dessus.
Notre pari consiste à dire que vous rentrez à la Tony Parker Adéquat Academy pour avoir une porte d’entrée dans un avenir professionnel chez Team LDLC, qui correspond à la première professionnalisation.
Si le joueur n’a pas la possibilité d’y arriver, la seconde chance sera de trouver un autre club, et c’est une évidence que nous l’accompagnerons. Si nous ne recrutons pas un joueur sortant de la Tony Parker Adéquat Academy, il y a 2 raisons. Déjà, nous ne pouvons pas choisir tout le monde pour un aspect financier, surtout qu’il y a des probabilités pour que le nombre d’élèves évolue avec les années. Je ne peux pas accepter 20 ou 30 joueurs de League of Legends par exemple, surtout quand on sait que les carrières commencent à rallonger.
La seconde raison, c’est simplement que nous avons identifié qu’un joueur ne peut pas devenir professionnel. Parfois, il faut être réaliste. Mais comme il aura gardé son cursus scolaire comme moteur principal de la formation, il peut intégrer n’importe quelles études supérieures puisqu’il n’est jamais sorti du cycle scolaire.
Nous aurons des classes de 12 à 20 élèves, donc le suivi pédagogique sera proche de nos joueurs et vraiment qualitatif. Cela fait partie du projet ! Notre priorité est d’armer chacun d’entre eux pour pouvoir évoluer efficacement sur le marché du travail au cas où ils ne parviennent pas à intégrer l’esport en tant que joueur professionnel.
Nous ouvrons 10 bourses d’études, mais nos étudiants seront mélangés avec ceux qui choisiront l’option basket, ou de nouvelles spécialités annoncées prochainement.
Nous mélangerons les passions, notamment pour créer des événements internes où chacun pourra partager avec les autres. Nous aurons des basketteurs qui viendront s’initier à l’esport, ou vice versa. C’est une des thématiques du programme, et ça constitue une partie de sa richesse. Pour autant, un joueur de basket ne va pas devenir joueur esport du jour au lendemain. Cela dit, ce mélange des genres permet d’enrichir la formation et les expériences humaines.
Je ne vais pas sortir une boule de cristal, car il y a ce que je souhaite faire, et ce que nous allons faire. Je ne peux rien promettre, hormis ce que je suis sûr sur nos réalisations futures.
J’aimerais, évidemment, davantage de cursus scolaire possibles, ne pas avoir que des bourses de performances, mais aussi pour d’autres raisons… L’académie pourrait être ouverte à des passionnés qui pourraient pratiquer même s’ils ne sont pas professionnels, mais qui ont une envie de suivre un cursus autour de leur passion et adhérerons à l’académie en tant que joueur libre.
Cette partie va se développer à terme. Nous pourrons la prendre en charge sur la partie esportive, mais sur la première année, nous allons apprendre à bien gérer ce que nous faisons pour pouvoir déployer le concept à plus grande échelle et annoncer un nombre de places supplémentaires en fonction du retour d’expérience.
Nous voulons monter en puissance de manière cohérente. Il y a le centre esport qui doit gérer les allées et venues des joueurs en fonction des horaires qu’ils auront. Et puis, ce n’est pas une course. Je pourrais ouvrir 200 places et avoir 200 candidats, parce que la demande est présente. Mais ce n’est pas ce que nous recherchons !
Nous voulons nous assurer d’avoir la meilleure qualité d’enseignement possible pour montrer l’exemple et espérer que d’autres clubs ou cursus naissent, mais aussi que le monde publique se réveille. Il faut faire comprendre que l’esport mérite le même traitement que le sport au niveau des études.
Ça permettrait d’éviter certaines problématiques de déscolarisation. L’idée, c’est de montrer l’exemple, donc faisons le bien. Avant de vouloir tout faire, il faut s’assurer que la première année soit réussie. Nous nous arrêtons à ce que nous maîtrisons aujourd’hui pour monter en puissance avec l’expérience acquise sur le projet.
Pour les jeunes de 14 ans, il n’y a aucune formation. C’est ça qui est triste. Nous arrivons à 16 ans. Donc, le collège, nous n’y sommes pas encore.
Il y a un vrai travail de fond à faire encore. Peut-être que j’arriverais, un jour, avec une annonce pour corriger ça, mais pour l’instant, je n’y suis pas.
Je parle de ça, car avec Fortnite, on touche principalement des jeunes de 13-14 ans. C’est fragile.
Nous leur promettons de gagner de l’argent, alors que dans le sport, ça ne se fait pas, par exemple. C’est réglementé. Pourtant, nous nous l’autorisons dans le monde de l’esport, et il ne faut pas rêver, la régulation va arriver.
Et si le secteur n’est pas capable de se corriger seul, la réglementation le fera pour lui, car le gouvernement va agir face à ça. On ne peut pas avoir du tout et du n’importe quoi, et pour moi, gagner de l’argent avant 16 ans, ce n’est pas normal.
On se targue que l’esport est similaire au sport, mais sur ce point, on en est loin. Nous devons être tout aussi responsables. Nous devons amener une bonne évolution de la pratique, et actuellement, elle passe par des valeurs d’argent. C’est un non-sens.
D’autres valeurs doivent être véhiculées. C’est un triste constat que je fais depuis des années, mais l’argent est devenu le principal moteur du système. Nous parlons de cash prize, de récompense, de salaire, mais c’est le monde professionnel pour moi. Le monde amateur doit avoir ses propres codes et préserver cette fierté de gagner une médaille ou une coupe.
Oui, complètement, et c’est un constat qui m’attriste. En réalité, la fierté de gagner une médaille, on la retrouve dans le monde professionnel quand un joueur gagne un major ou une compétition internationale.
Il est content de gagner de l’argent, mais à ce niveau-là, c’est la consécration d’une carrière et un exploit sportif, chose qui devrait être prioritaire sur le monde amateur.
Nous devons travailler sur ces valeurs, et c’est l’un des objectifs avec notre centre de formation. Cela dit, nous ne sommes pas aidés avec des écosystèmes comme ceux proposés par Epic Games.
La vision de notre projet est clairement dirigée vers le joueur. J’espère que les idées qui suivront un peu partout dans l’esport ne se détourneront pas de celle-ci. Je veillerai à m’en assurer.
Je suis persuadé que tant que nous mettrons le joueur au centre de nos stratégies, nous aurons un modèle fonctionnel. Dès que nous l’excluons, nous avons des dérives. Nous devons encadrer correctement chaque joueur pour qu’il s’éclate.
L’esport reste une pratique compétitive du jeu vidéo, qui, à la base, sert à s’amuser, donc si nous pouvions continuer, c’est l’essentiel. Il ne faut pas se prendre trop au sérieux à l’avenir !
L’interview de Stephan Euthine touche à sa fin !
Je suis heureux d’avoir partagé ce moment avec Stephan Euthine car son projet, liant Team LDLC et la Tony Parker Adéquat Academy, est véritablement un signal fort pour la structuration de l’esport français (voire international).
Voici, selon moi, les 7 leçons à retenir cette lecture :
J’espère que vous avez pris plaisir à découvrir cette entrevue avec Stephan Euthine.
N’hésitez pas à la partager sur vos réseaux sociaux et à suivre Stephan Euthine sur Twitter !
Quant à nous, on se retrouve très prochainement pour une nouvelle interview.
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