Jeu vidéo

Diablo 4 et les microtransactions : une polémique qui ne date pas d’hier !

Parmi les licences les plus populaires du jeu vidéo, Diablo fait figure d’autorité dans la catégorie hack ‘n’ slash. Chaque nouvel opus est très attendu, et Diablo 4 s’apprête justement à nous dévoiler sa bêta publique dans un peu plus de 24h !

On pourrait se dire qu’un jeu d’une licence aussi importante sera très attendu à sa sortie. Encore plus quand on sait que le précédent opus a maintenant quasiment 11 ans ! Pourtant, le sentiment autour de cette sortie est plutôt mitigé du côté des fans de la licence.

D’un côté, on est certes très emballé à l’idée de poursuivre nos aventures contre les hordes de l’enfer qui se sont lâchées sur Terre. Mais d’un autre côté, il est difficile de passer à côté de quelques points qui cristallisent les tensions.

On peut notamment évoquer la dimension multijoueurs qui a été donnée au titre et qui a été reçue tièdement. Mais le plus gros point d‘inquiétude autour du jeu, c’est évidemment son modèle économique !

Car oui, il y aura bien des microtransactions sur Diablo 4. Entre promesses de contenu massif et achats en jeu, les joueurs sont un peu perdus. On vous propose donc de faire un tour des annonces, mais aussi de ce qui risque d’arriver dans le futur !

Comprendre le modèle de fonctionnement de Diablo 4 et ses prédécesseurs

Avant de nous intéresser au modèle économique de Diablo 4, il va falloir nous pencher sur le fonctionnement général de la franchise. En remontant à la sortie de Diablo 2 Resurrected, on se rappelle que Blizzard a proposé aux joueurs.euses la possibilité de transférer ses personnages depuis le jeu original, et ce choix n’a rien d’anodin.

Par delà l’aspect nostalgique des joueurs voulant retrouver les personnages de leur jeunesse, il y avait une vraie demande ! Car oui, même après 19 ans sa sortie, le jeu avait encore une base de joueurs solides.

D’ailleurs, le troisième opus conserve toujours une bonne partie de joueurs ! Il y a encore du contenu de proposé sur le jeu avec la sortie de la saison 28, il y un mois environ.

Ce suivi au long cours est intimement lié au fait que la licence est composée de jeux où le but va être de farmer beaucoup pour rechercher constamment de l’équipement pour améliorer ses personnages.

Chaque saison va alors amener de nouvelles mécaniques, objectifs et récompenses. Ce système fonctionne, mais du côté de Blizzard on semble vouloir aller encore plus loin dans le concept, quitte à introduire des microtransactions !

Oui, il y aura bien des microtransactions dans Diablo 4 !

L’annonce est désormais officielle, il y aura bien des microtransactions dans Diablo 4, et cette nouveauté a quand même fait grincer pas mal de dents. L’une des raisons invoquées, c’est que contrairement à Fortnite qui adopte aussi ce modèle, on ne parle pas ici d’un free-to-play !

Le jeu est vendu au prix fort et va en plus vous demander de mettre la main au portefeuille régulièrement. Alors, rassurons quand même les joueurs, il n’y aura pas de monétisation de type lootbox.

On échappera à une monétisation Pay to Win, comme c’est le cas sur Diablo Immortal dont on parlera plus tard. Non, ici la monétisation du jeu devrait s’orienter autour de deux axes. Le premier, c’est celui des skins.

Ceux-ci nous permettront de donner un style en particulier à votre personnage contre de l’argent réel. Là encore, on peut regarder du côté de Diablo Immortal pour avoir une idée de ce à quoi ça va ressembler.

Le deuxième axe de la monétisation de Diablo 4 est plus surprenant, car il s’agit d’un passe de combat. Mais sur le papier, l’ajout de ce dernier n’est peut-être pas si mal ! Car oui, du côté de chez Blizzard, on a fait des promesses pour le moins alléchantes !

Diablo 4 sera divisé en saisons, avec à chaque fois un passe de combat associé (crédits : Blizzard)

De grosses promesses, qu’il faudra tenir !

On vous l’a dit au début de cet article, la durée de vie des titres de la licence est assez folle, avec des saisons qui continuent de débarquer 10 ans après la sortie du dernier opus. Sauf que du côté de chez Blizzard, on veut aller encore plus loin.

Car si les saisons se sont enchaînées ces dix dernières années par exemple, il y a eu assez peu de nouveautés majeures dans le jeu, en dehors des DLC. Avec Diablo 4, Blizzard veut donc pousser le concept encore plus loin.

En effet, on nous promet 4 saisons de 3 mois par an, ce qui est légèrement supérieur à la moyenne de l’opus précédent qui était à 2.5 saisons par an de moyenne sur ses 11 ans d’existence.

En plus de vouloir créer plus de saisons, du côté de Blizzard il y a la volonté que ces dernières soient plus complètes et marquent vraiment l’histoire globale du titre avec par exemple une histoire qui se poursuivra, de nouvelles classes, une extension du Parangon, etc.

Toutes ces saisons seront ainsi accessibles gratuitement à partir du moment où vous aurez payé le jeu de base. De plus, on nous a garanti que les seuls achats seraient cosmétiques. Les nouvelles classes ou encore le Parangon ne devraient logiquement pas faire partie du passe de combat payant.

Dès lors, si Blizzard tient ses promesses, le passe de combat sur Diablo 4 n’est peut-être pas si gênant que cela. Il permettrait à ceux qui le veulent de financer les mises à jour constantes du jeu.

Si vous ne voulez pas donner d’argent supplémentaire, vous pourrez alors profiter de ces mises à jour nombreuses et fréquentes sans sortir un seul euro. Certes, la partie cosmétique ne sera pas accessible, mais au vu des promesses, est-ce que cela est si grave ? On vous laisse vous faire votre avis là-dessus.

N’est pas Fortnite qui veut !

On vient de le voir, les promesses de Blizzard vis-à-vis de Diablo 4 sont alléchantes ! Mais on ne peut quand même pas s’empêcher de se demander si ces promesses seront tenues, car un jeu service, c’est un investissement important.

L’ascension folle de Fortnite dans le monde du jeu vidéo a rapidement fait oublier que ce genre de jeu ce n’est pas si facile que cela à faire. D’ailleurs, si dans sa période la plus folle le jeu avait le droit à une succession de grosses mises à jour, cela ne s’est pas fait en douceur !

Ce que les joueurs ne savaient pas, c’est que dans les coulisses, Epic Games était devenue une essoreuse à employés et que le crunch était devenu monnaie courante. Suite à la divulgation de ces informations, le rythme des mise à jour s‘est calmé.

Malgré tout, Fortnite fait toujours office de référence dans le domaine. De nombreux studios, même prestigieux, ont essayé de les imiter, mais cela s’est souvent fini par un cuisant échec, comme Realm Royale ou MultiVersus.

Quand on a comme MultiVersus le soutien de Warner Bros Games et un roster prestigieux et illimité, on est dans une position royale pour s’imposer en tant que jeu service. Sauf que même sur ce jeu, rapidement, les développeurs n’ont plus réussi à suivre la cadence. Les nouveautés ont commencé à se faire de plus en plus rares.

Les joueurs ont alors massivement quitté le navire. Récemment, l’information est tombée. Depuis sa sortie canon, MultiVersus avait perdu 99% de ses joueurs sur la plateforme Steam. Ces exemples ne sont pas à sous-estimer.

Notons tout de même que dans ce domaine, Blizzard n’est pas nouveau. Que ce soit via Diablo Immortal ou même avec World of Warcraft, ils ont l’habitude de gérer des jeux avec des ajouts de contenus réguliers sur de longues périodes.

Si Blizzard souhaite se lancer dans ce chemin avec Diablo 4, il va falloir être bien préparé, car si jamais ce n’est pas le cas, le modèle économique pourrait rapidement s’effondrer. Pas sûr que les joueurs le prennent bien si cela venait à arriver.

En manque de contenu, les joueurs ont massivement déserté MultiVersus (Crédit : Steam Charts)

Un modèle similaire à ce que l’on peut trouver sur les Call of Duty ?

Toutefois, en ce qui concerne ce point de la monétisation et du jeu service, Blizzard pourra compter sur l’aide d’Activision. En effet, les deux entreprises sont liées depuis le rachat en 2008. Car oui, l’entreprise connaît pas mal ce sujet.

Cela fait d’ailleurs quelques années que Call of Duty a suivi ce chemin et que le jeu est rythmé par des saisons qui ajoutent du contenu comme des modes de jeu, des armes ou bien encore de nouvelles cartes.

Dès lors, on peut clairement penser que ce fonctionnement servira d’inspiration du côté de Diablo 4. D’ailleurs, par rapport aux informations que l’on nous a données jusqu’à maintenant, les deux systèmes semblent assez similaires dans le fonctionnement général.

De plus, malgré quelques retards et longueurs parfois pour régler certains problèmes, Activision gère plutôt bien son système de saison, tout en réussissant en plus à le faire sur deux jeux de front, le Call of Duty de l’année + Warzone.

D’ailleurs, dans ces jeux, les nouvelles armes font certes souvent partie des passe de combat, mais de la version gratuite de celui-ci ! Dès lors, ça rejoint un peu ce que l’on disait sur l’ajout potentiel de nouvelles classes et talents dans le jeu.

Avant Diablo 4, le fantôme de l’hôtel des ventes plane

Si vous n’êtes pas familier de la licence, vous vous dites peut-être à la lecture de cet article que les fans semblent s’emballer un peu pour rien. Le problème, c’est qu’outre les annonces, ces derniers ont été refroidis par des exemples concrets de monétisation complètement ahurissants sur leur jeu !

Commençons chronologiquement par Diablo 3 et son hôtel des ventes qui a traumatisé une partie des joueurs à la sortie du titre. À tel point qu’un nombre conséquent de joueurs a décidé de repartir sur le deuxième opus de la licence.

L’idée de l’hôtel des ventes, c’était tout simplement de permettre aux joueurs de dépenser de l’argent réel pour acheter de l’équipement. Une fonctionnalité lunaire qui a rapidement collé une étiquette de Pay to Win au jeu.

L’histoire va aller tellement loin que Blizzard va finalement prendre la décision de retirer cet hôtel de vente du jeu quelques semaines avant que la première extension, Reaper of Souls ne débarque.

Ce lancement chaotique a eu un sacré impact du côté de Blizzard, le directeur du jeu, Jay Wilson allant même jusqu’à déclarer qu’il regrettait l’ajout de l’hôtel des ventes sur le jeu. Alors, la leçon a-t-elle été retenue pour Diablo 4 ? Eh bien, vu ce que l’on nous a proposé avec Immortal, pas sûr !

Avec ces annonces, les joueurs ont peur de retrouver les pires éléments de Diablo 3 et Immortal dans le jeu (Crédit : Blizzard)

Diablo Immortal, l’exemple à ne pas suivre !

Alors que le précédent opus a été qualifié de Pay to Win, on aurait pu se dire que du côté de Blizzard, on va essayer de rassurer les joueurs avec Diablo Immortal, surtout à quelques mois de la sortie de Diablo 4.

En plus, on pouvait être confiant étant donné que maintenant de nombreux jeux free to play ont réussi à se débarrasser du Pay to Win, privilégiant l’achat de cosmétiques qui est tout aussi rentable pour eux.

Sauf que visiblement, du côté de chez Blizzard ce n’était pas dans les plans et, à quelques mois de Diablo 4, ils nous ont inventé l’opus le plus Pay to Win de la saga. Rendez -vous compte que sur le jeu on ne paye même pas pour avoir de l’équipement de qualité.

Non, on vous fait payer pour avoir une chance accrue d’en avoir ! Attention, quand on parle de payer, ce n’est pas 5€, mais des centaines, voire des milliers d’euros ! Un calculateur est sorti peu de temps après le jeu.

J’avais rédigé un article sur ce dernier pour lequel j’avais fait 10 tentatives en voyant combien cela m’aurait coûté en jeu pour obtenir une gemme 5 étoiles (les plus puissantes). Résultat, sur mon test le plus “chanceux” j’aurais dû débourser 175€, mais pour le moins chanceux c’était cette fois 6150€ !

En moyenne sur 10 essais, il fallait investir 2041€ sur le jeu pour avoir ne serait-ce qu’une gemme 5 étoiles. Des sommes totalement folles qui ont clairement inquiété les joueurs et on les comprend, car malgré tout le jeu rapporté des centaines de millions de dollars.

Un système de microtransaction prévu dès Diablo 1 ?

Oui oui, vous avez bien lu, Blizzard aurait prévu de mettre en place un système se rapprochant grandement de celui des microtransactions et ce bien avant Diablo 4 ! C’est ce qu’on a découvert via le brief de Diablo 1 qui est tombé entre les mains de journalistes.

C’est globalement une présentation de ce dernier, notamment pour les investisseurs. Or, il était prévu de vendre en dehors du jeu, des CD pour moins de 5$ avec quelques pièces d’équipement supplémentaire et même de nouveaux ennemis.

Bien que cela ne puisse être appelé microtransaction vu que celles-ci se déroulent exclusivement en ligne, le principe global derrière ce qui devait être implémenté sur Diablo 1 y ressemble quand même !

Finalement, l’idée ne verra jamais le jour, mais la démarche prouve que depuis les tout débuts de la licence, le modèle économique aurait pu être totalement différent. On comprend donc plus facilement la crainte des fans de Diablo 4 !

Avec le succès du dernier opus en date et ce, malgré un modèle économique affreux qui a été lourdement critiqué par les joueurs, ce que les fans de la licence craignent, c’est qu’un modèle similaire arrive sur Diablo 4.

Ce n’est d’ailleurs pas anodin de voir que la communication de Blizzard a propos de ces microtransactions dans Diablo 4 s’est largement axée autour du fait que seul du cosmétique y sera soumis, assurant que le jeu ne serait pas Pay to Win.

Si l’on en croit les promesses qui nous ont été faites depuis le début, ce système de microtransaction ne devrait pas être un frein à l’expérience de jeu. Mieux encore, il devrait permettre un suivi encore jamais atteint pour la licence.

Mais vous l’aurez compris à la lecture de ces lignes, plus que les promesses, ce que les joueurs attendent ce sont des actes ! Dans ce domaine, les actions de Blizzards ne poussent pas à l’optimisme.

Si ce week-end, les joueurs vont pouvoir commencer à tester le jeu et à se faire un avis sur les mécaniques et le gameplay, l’appréhension du modèle économique devrait elle durer a minima jusqu’à la sortie officielle.

A Blizzard de nous prouver avec la sortie de Diablo 4 qu’ils sont encore une entreprise capable d’être à l’écoute de leurs joueurs et non pas l’ombre d’eux même qu’ils sont devenus ces dernières années. Car si c’est le cas, ce n’est pas contre les hordes des enfers que vont se déchaîner les joueurs, mais bien contre l’entreprise !

 

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Dimitry Bigot

Aujourd'hui, le monde du jeu vidéo et de l'esport est devenu un véritable phénomène et il est important d'évoquer d'importants sujets via des articles de fonds. C'est ce que moi et mes collègues d'Esport Insights s'engageons à faire dans nos articles pour vous aider à mieux appréhender ce monde à la fois passionnant et complexe.

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