D’aussi loin que je me souvienne, ma première interaction avec l’armée, la vraie, date de mes années collèges. Aux forums des métiers plus précisément, puisque c’était un passage obligé (et peut-être l’est-ce encore) pour les collégien·nes et lycéen·nes du début des années 2000.
Je devais avoir 12 ans et on nous demandait déjà de réfléchir à notre avenir et au métier de nos rêves, puisque c’est désormais le propre de la doxa néolibérale de ne voir dans l’école qu’un vulgaire préalable au monde du travail. Alors qu’honnêtement, la seule chose qui m’intéressait, c’était bien de rentrer de cours pour engouffrer un bol de céréales, dégommer mes devoirs vitesse grand V avant d’aller cramer ma soirée devant les jeux vidéo.
Mais voilà, on se force à l’exercice parce que pas le choix et on fait le tour des allées. Et comme la plupart des garçons de ma classe, on finit toujours par se rejoindre sur le stand de l’armée.
L’armée, on n’y connaît absolument rien, mais les armes, ça on connaît. Il faut dire qu’à notre âge, on a déjà joué à pas mal de jeux de guerre : Metal Slug sur les bornes d’arcade, mais surtout toute la série des Medal Of Honor sur Playstation. Et à l’époque, il faut le dire, ça nous fascine. Les différents types d’armes, de munitions, buter des nazis, réussir des missions d’infiltration. C’était un des sujets de discussion dans la cour, comme peut l’être, dans une toute autre mesure, Fortnite aujourd’hui.
Et je me souviens clairement des mots prononcés par mon copain lorsque le gradé m’avait demandé ce que j’aimais : “toi ce qui te plaît, c’est d’avoir une arme dans les mains non ?”
Un moui pas très assuré mais un oui. A la fin de la matinée, les tracts de l’armée finissaient comme tous les autres à la poubelle.